191 - CHAUD DEVANT !

LES DATAS SENTENT PAS L'ANTIMITE

L'avantage quand même avec les Datacenters c'est qu'on n'est plus obligé d'acheter les petites boules de naphtaline

Un Datacenter c'est pas un magasin qui vend des dates historiques ou qui les fabrique, quoi que. C'est pas non plus une épicerie spécialisée dans le fruit des palmiers dattiers. Non plus. C'est pas non plus une boîte qui fait des calendriers ou des agendas, non. C'est une chaufferie qui fait glacière, tu vois. Comme ton shampoing-démêlant, ta crème bibi, les hétéros qui sont homos en même temps. Le tout en un, c'est dans le vent, on le vérifiera au deuxième tour des élections. Celui qui votera pour la droite votera pour le centre et l'extrême en même temps et celui qui votera pour la gauche votera pour le PC et le PS et l'extrême en même temps ou le contraire et réciproquement pour la même politique, et tout le monde votera pour l'écologie libérale parce que l'écologie maintenant elle est dans tout. Dans tout ce qui rapporte. C'est bien naturel.

Donc, les datacenters sont des lieux de stockage d'infos. Ils ressemblent à d'énormes énormes énormes usines sans ouvriers. Parce que les ouvriers ça coûte trop cher, alors on fabrique des usines ordinateurs-placards qui fabriquent rien, contrôlées par des surveillants. Les Datacenters sont des énormes chaudières qui font freezers à tiroirs pour entreposer nos bébés, nos parents, nos copains, nos amis facebook, nos préférences, nos films, nos livres, notre musique, nos idées, nos anniversaires, nos week-ends à la plage, nos relevés de compte, nos attestations d'assurance, de pôle emploi, nos factures EDF, nos réservations de vacances, nos vieux billets de train, nos réveillons, nos anciennes commandes de la Redoute, nos vieux mails, nos CV, contrats de mariage, nos diplômes, nos rapports de stage, nos cours de formation, nos requêtes en divorce, nos musées virtuels et les milliers d'heures des caméras de surveillance du monde entier... northern lights

Les Datacenters sont des classeurs gigantesques. On y entrepose tout ce qu'on n'est plus capable de mettre à la corbeille. Nos traces. Nos amours, nos emmerdes. C'est gratuit. Vise un peu le poids des stocks ! Pour accéder à nos souvenirs avant, je me rappelle, on fermait les yeux. Mais aujourd'hui mon petit Jean, pour ne pas t'encombrer, tu cliques c'est gratuit, il y a le Cloud. C'est beau un nuage, moi j'aime surtout les gros blanc nacré qui font mal aux yeux au réveil le matin, quand le ciel se lève en bleu. Avant, souviens-toi, le nuage était haut libre et léger, il se déplaçait au gré le vent, et disparaîssait sans que personne se pose la question de savoir ce qu'il était devenu. Et bien de nos jours le nuage est sous clef, on l'a transformé en confident qui fait coffre fort en même temps. Le nuage est privatisé. Et tout ce que tu lui confies passe par des tuyaux plus fins que des cheveux, plus besoin de cartons et de camions de déménagement. Quelle économie. Plus besoin d'avoir un ami, d'aller à confesse ou à la banque c'est merveilleux. 

Le cloud est un gentil dragon extraordinaire qui n'a qu'un seul défaut, il chauffe, il chauffe, il chauffe, pour entretenir sa mémoire il utilise énormément d'énergie, le pauvre. Alors pour le refroidir, il faut une autre usine qui fabrique du froid. Oui, mais pour fabriquer du froid il faut encore plus d'énergie, le froid ça pompe énormément. Alors Mr Google propriétaire des plus gros gentils dragons du monde très soucieux de l'écologie verte naturelle a construit un titanesque DC au pôle nord bien naturellement, là où le froid est gratuit, pour lui. C'est pas bête, non. Donc, quand tu stockes des infos, tu fais fondre la banquise en enrichissant les fournisseurs d'accès et d'énergie. Depuis que j'ai compris ça, j'ai vidé mon grenier électronique qui contenait des tas de trucs et je ne suis pas mécontente ça fait fonctionner ma mémoire. Quand je ferme les yeux, je revois tous mes vieux souvenirs, et même s'ils sentent un peu la naphtaline, je peux les enjoliver comme je veux.

Iso