...à périodicité très variable, ouverte le 23 février de l'an de grâces (matinée) 2014...

et (presque) fermé en janvier 2017


sphinx

PRÉ EN BULLE
Cette page n'est subventionnée par aucune collectivité territoriale,
car nous détestons la littérature de faussaires à la main d'organismes bidons ( Offices, fausses assos, EPCC...), instrumentalisés en sous main par des élus.
Quand, par le passé, les gouvernants, ou leurs porte-plumes serviles, se sont occupés de régenter art ou littérature, on a aussitôt
pu constater la régression mentale.


(avec la complicité de Léonor Fini, ici à droite)

Le mot "Bretagne" de ce titre n'implique aucune allégeance à un quelconque communautarisme, autonomisme ou indépendantisme. Il situe juste le lieu de la culture (et parfois de la langue) d'où nous écrivons. Notre regard essaie de porter plus loin que les Régions, les États, les continents... ou les galaxies, car nos territoires sont avant tout imaginés.

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* à savoir : Régine Mary (Iso), Gilles Knopp (Knoppy) et Jean Kergrist (JK)

Pour un formatage américain à réactivité immédiate, il faudra vous adresser au logiciel Wordpress. Ici on prend le temps des relations humaines et des labyrinthes rigolos des fêtes foraines. On s'en fout totalement du nombre de zamis sur fesse-bouc.

On n'est pas à un jour près, ni à un mois.
On prend le temps, avant d'écrire, de tourner 7 fois la plume dans l'encrier des sentiments. On amène ses crayons de couleur, on s'écoute, o
n se cause et on se contredit courtoisement. Pour vos plaidoyers en faveurs du Front National, du pâté Hénaff, de la Légion étrangère, de l'Institut de Locarn, ou de l'agriculture productiviste, adressez plutôt vos textes à Minute ou à La France Agricole.

Depuis fin février 2014, sur cette page, déjà près de 400 articles (tous en ligne). Pour faciliter leur repérage, ils sont numérotés. Le moteur de recherche interne vous permet de trouver les thèmes abordés ou les personnes citées.

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   Cette « page de Bretagne » ne s’interdit ni critique littéraire, ni copinage, si tant est qu’on puisse séparer les deux. Allez-donc vendre plus de 500 exemplaires d’un roman sans un coup de pouce du Monde des livres, Nouvel-Obs, Télérama, Ouest-France ou Le Figaro ! Pas une raison suffisante, sur un site moins couru, pour émarger aux entreprises de faussaires, instrumentalisée en sous-main par les élus, à l’affût de plumes serviles pour passer le monde de l’édition et les auteurs sous leurs fourches caudines (cf l'équipe de Livre et Lecture en Bretagne). Peu d’auteurs ne doivent leur succès qu’au bouche-à-oreille de leurs lecteurs. Surtout s’ils ne sont pas Lutéciens.
Ce préambule posé une fois pour toutes -vous verrez plus loin qu’il est dans le sujet-, parlons d’un coup de cœur du jour, grevé d’une tare initiale : celle de concerner aussi un ami. 
coco

     Le « Notre Chanel » de Jean Lebrun m’a laissé sur les fesses. Celles, très courues, de Coco Chanel. Comment démêler la trame des amours vrais et des intérêts tissant les jours tumultueux de la plus grande couturière du siècle ? Jean Lebrun s’y coltine avec sa minutie d'historien et son humour de romancier.

    Ces amants et amantes qui défilent dans les bras de notre Gabrielle au grand cœur sont plus marqués que mannequins défilant lors de ses présentations de collections. Et quelle collection ! Bresson, Berstein, Reverdi, Stravinski, Westminster, Cocteau, Dali… pour ne citer, dans le désordre, que quelques-uns des plus célèbres qui ont aussi hantés ses châteaux et usines à petites mains.
   Car cette femme est une entrepreneuse, plus qu’une courtisane. C’est elle qui se fait courtiser. Par tous, y compris l’occupant allemand. Elle sait vendre au prix fort sa signature sur ses collections de génie, habits chapeaux ou parfums, comme elle sait vendre sa collaboration pour obtenir des nazis la libération d’un neveu qu’elle considère comme son fils. Naïve aussi. Elle ira jusqu’à imaginer pouvoir tenir un rôle dans la redistribution des cartes d’après guerre en raison de son amitié avec Winston Churchill. Ce qui lui vaudra de n’être pas trop inquiétée à la Libération, malgré sa relation avec un officier de renseignement allemand.
    « Gabrielle, tu ruines nos espoirs… »

    En arrière plan du livre, comme un bruit de fond, sorte de mer tranquille qui va bientôt se transformer à tsunami, trait à trait, se dessine un autre personnage : Bernard Costa, l’ami dont Jean Lebrun est en deuil éternel et avec lequel il avait entrepris, il y a plus de 25 ans cette enquête minutieuse auprès des témoins encore vivants, en hantant des lieux encore habités par le parfum de Gabrielle.
    Ce roman vrai à quatre mains nous emporte peu à peu en une autre histoire, en pays de fidélité. Comme si la découverte de Gabrielle devait se payer de la disparition de Bernard. Comme si l’inconstance de Gabrielle devenait le révélateur de la fidélité de Jean. Amusés au début par l’humour fort british de l’auteur, on en sort émus, puis bouleversés.
    La recherche historique n’est pas qu’affaire d’intellect.  L’historien qu’il le veuille ou non, qu’il le dise ou pas, s’implique corps et âme dans son sujet. Cette fois le voyage vers le passé est parfaitement convaincant. Un univers se crée. Une affaire de style. Le propre des vrais auteurs.
Et des auteurs vrais.


JK

    Depuis plus de vingt ans, un médecin, Claude Lesné, se bat, épaulé par des associations, pour prouver le lien entre des morts suspectes et la toxicité de la laitue de mer en putréfaction sur les plages bretonnes. Etrangement, l’Etat et la justice font la sourde oreille.

    Plage de Saint-Michel-en-Grève, Côtes-d’Armor, 28 juin 1989. Le corps sans vie d’un joggeur de 26 ans est retrouvé dans un amas d’algues vertes.
    Même endroit, 5 juillet 1999, 16 heures. Maurice Brifault s’écroule sur le volant de son tracteur de ramassage d’ulves, des algues vertes aussi appelées « laitue de mer ». Le quinquagénaire, sans aucun antécédent médical, est intubé et ventilé. Il restera cinq jours dans un coma profond.
    Lantic, baie de Saint-Brieuc, toujours dans les Côtes-d’Armor, 22 juillet 2009. Thierry Morfoisse, 48 ans, meurt au pied de son camion de collecte d’algues vertes. Quelques minutes auparavant, il avait laissé un message téléphonique :
« Putains d’algues, j’en ai marre ! »
    Saint-Michel-en-Grève, 28 juillet 2009. Vincent Petit, 28 ans, s’enfonce avec son cheval dans un mélange de sable et d’algues putréfiées. L’animal décède aussitôt. Le cavalier échappe de justesse à la mort, grâce à l’intervention d’un nettoyeur municipal de marées vertes.
L'été suivant ce sera le tour de deux chiens, puis un autre, celui d' une trentaine de sangliers.algues
    Quatre accidents graves en vingt ans. Deux mortels. Les algues vertes ont transformé certaines plages paisibles de Bretagne en zones dangereuses.
En pourrissant sur le sable, elles dégagent du sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz plus lourd que l’air et aussi toxique que le cyanure. A concentration élevée, il entraîne en quelques secondes un œdème pulmonaire, le coma et un arrêt cardiaque.

    Qui pourrait imaginer que la mort se cache au détour de ces espaces naturels ludiques ? La scène du crime n’est signalée que par quelques panneaux d’avertissement, trop discrets pour alerter des touristes.
    A croire que l’Etat et les collectivités locales s’efforcent de minimiser le danger. Il faut dire que le dossier des algues vertes met beaucoup de monde dans l’embarras : agriculteurs, autorités sanitaires, élus, offices de tourisme… Aussi, chaque tragédie est-elle immédiatement recouverte d’une chape de plomb.
    Les plaintes au parquet sont systématiquement classées sans suite.

    Ce Jeudi 10 avril 2014 à 15 h Salle du Temps Libre, 6 rue du Maréchal Foch à SAINT-BRIEUC, le Dr Claude LESNE (Médecin, spécialiste de la toxicité des polluants aériens - CNRS 1986-2010), invité par le comité de soutien à la famille Morfoissse, posera une nouvelle fois la question de ce défaussement :
Pourquoi la ''Justice de la République'' ne cherche-t-elle pas à établir la vérité sur les circonstances du décès de Thierry Morfoisse, à savoir une  « intoxication au sulfure d'hydrogène avec infarctus du myocarde : une relation connue, reconnue, observée et publiée depuis soixante ans » ?

    A l'issue de cette conférence, un point presse est prévu pour délivrer les documents utiles à l'instruction judiciaire en cours.

    Nous ne pouvons rester indifférents au décès d'un homme victime d'un accident du travail, ni au risque d'intoxication sur nos plages, ni nous résigner à voir la Bretagne condamnée à la pollution issue de l'agriculture intensive, ni à ce que les intérêts particuliers dictent l'intérêt public.
    Qui sera la prochaine victime
de cet hydrogène sulfuré mortel ? Un enfant jouant sur la plage ?
    RDV ce jeudi 10 avril à Saint-Brieuc, pour que  justice soit rendue et que cesse ce scandale sanitaire.

JK
"Libérez les énergies" : les récents Bonnets Rouges (rien à voir avec ceux de 1675) ont ressassé à foison cette formule magique, destinée à affranchir l'agriculture de son "carcan environnemental" (Directive Nitrate, déplafonnemnt du cheptel  hors-sol soumis à enquête publique, zones humides, contrôles des installations classées...). Les exégètes ont glosé avec délectation sur l'origine de ce sésame, attribué à une soirée bien arrosée à Carhaix entre Troadec et Merret. Trop beau pour être plausible ! La formule vient de plus loin et de plus machiavélique, même si elle s'est refaite une jouvance en passant par l'Institut de Locarn, présidé par l'ex-marchand de farines animales, Glon (cf à ce propos les quelques articles de synthèse sur une autre page de ce site). Un grand stratège, président de la FDSEA et directeur de SOFIPROTÉOL savait parfaitement quel jeu il jouait en adressant, le 22 novembre dernier, ses directives d'action à ses meneurs départementaux. Pas étonnant que notre nouveau ministre de l'agriculture a le même nom que l'ancien. Il est même devenu hier porte parole du gouvernement. Beulin peut jubiler.
JK

Plan de sabotage politique par la FNSEA

    Dans une lettre adressée aux présidents régionaux et départementaux du syndicat agricole majoritaire le 22 novembre 2013 et que GLOBALmagazine s’est procurée, le président et le secrétaire général de la FNSEA appellent leurs troupes à se mobiliser pour mener une véritable guérilla contre la politique agricole du gouvernement et par delà contre les aspirations de la société. Les deux signataires, Xavier Beulin
(photo ci-dessous)   et Dominique Barrau, donnent les éléments de langage nécessaires à la désinformation puis détaillent la feuille de route de l’offensive à laquelle ils exhortent leurs troupes.beulin
    Passée la rengaine habituelle sur « la nourriture de l’Humanité » présentée comme la  manne salvatrice de l’agriculture française (ode à l’exportation), les deux responsables nationaux  mettent en avant les « besoins non-alimentaires » où « l’agriculture et l’agro-industrie sont porteuses de réelles pistes de solutions pour préserver les équilibres environnementaux de la planète ». On pense aux agro-carburants, à la méthanisation comme survie de l’élevage industriel.
   Puis les deux responsables nationaux s'attachent à la désignation des cibles : « trop de contraintes parfois sans fondement scientifique ou technique réels qui découragent  l’initiative et démotivent les Hommes » : la paraphrase renvoie aux OGM.
« Trop de distorsion de concurrence (…) trop de blocages idéologiques » … l’acte d’accusation semble inspiré par le MEDEF dont la FNSEA est membre.

    Pour la FNSEA « La coupe est pleine ! Notre activité, notre Pays, nos territoires ont besoin d’initiative, de valeur ajoutée et d’emploi ! »  Certes ! On rappellera ici, pour mettre en perspective historique une si louable assertion, que la politique cogérée par la FNSEA depuis plus de 40 ans a divisé par 4 le nombre de paysans. Et qu’une ferme disparaît environ toutes les 30 minutes en France, ce qui n’est pas sans relation avec la surmortalité par suicide des paysans, particulièrement chez les éleveurs. Quand à la création d’emplois dans l’agro-alimentaire, il faut aller en parler aux Bretons … aux licenciés de Doux, de Gad, de Marine Harvest ! 

    La lettre appelle ensuite à la mobilisation « sur le terrain », en ciblant les ministres et parlementaires, le tout assorti d’une recommandation des plus surprenantes : « le dossier PAC ne doit pas être au centre des messages portés » ! En clair : on signe discrètement à Bruxelles la fin des petits paysans, le non plafonnement des subventions pour les agro-industriels et, en France, on joue les colombes en attisant la colère contre le gouvernement … La manipulation est même expliquée : « l’opinion, la presse, les autres acteurs économiques sont sensibles à nos messages sur l’emploi, le ras le bol fiscal : nous devons utiliser cette sensibilité populaire ! ». Attiser et détourner un mécontentement légitime en entretenant volontairement la confusion sur ses causes cela s’appelle du populisme.
poujadistes On ne peut pas ne pas faire le rapprochement avec la mobilisation des « Bonnets rouges » et le rôle qui ont joué les FDSEA (l’une d’elle, celle du Finistère, allant jusqu’à déposer la marque « bonnet rouge »). On retrouve d’ailleurs en page trois, dans la « synthèse des positions de la FNSEA  sur les taxes»  un appel à se mobiliser contre l’écotaxe mais aussi contre la fiscalité climatique, contre la directive nitrate, contre la loi cadre sur la biodiversité, contre le moratoire sur les retenues d’eau, contre la taxe foncière touchant les installations de méthanisation, contre le coût du travail, contre… 

    
Bref la FNSEA veut continuer à faire ce qu’elle veut des campagnes … en oubliant que sous son empire la campagne s’est dépeuplée, que les paysans n’y sont plus majoritaires et que le modèle d’agriculture intensive qu’elle défend suscite a minima la méfiance de la majorité des citoyens. On ne s’étendra pas ici sur les nombreuses alertes alimentaires de ces dernières années, ni sur les désastres sanitaires des pesticides. Elle semble vouloir contourner la démocratie (le refus des OGM par exemple), la loi (exemple la directive nitrate), l’intérêt commun (exemple la lutte contre le réchauffement climatique) via le populisme et l’attaque frontale contre le gouvernement.
Depuis sa création à la Libération, c’est la première fois que la FNSEA s’engage officiellement, au niveau le plus élevé, dans la déstabilisation politique. Il y eu le cas de dirigeants particulièrement liés à des partis et mouvements politiques mais jamais la direction nationale n’avait officiellement lancé un appel aux troubles publics.

  Enfin, cette lettre annonce la volonté d’imposer au gouvernement des « états généraux de l’agriculture et de l’agro-alimentaire », initiative politique visant - dans le cadre de la nouvelle PAC en partie renationalisée - à imposer en France ce qui n’a pas pu l’être à Bruxelles : à savoir repousser au maximum le verdissement de la politique agricole et préserver l’inégalité de la répartition des subventions. "Etats généraux" que trois ministres, Stéphane Le Foll (Agriculture), Guillaume Garot (Agroalimentaire) et Philippe Martin (Ecologie), ont honoré de leur présence ce 21 février, veille du salon de l’Agriculture . « Etats généraux » … sans les autres syndicats agricoles, ce qui limite la portée réelle de l’évènement et laisse perplexe sur la gestion pluraliste de ce dossier par le gouvernement.

Vous pouvez prendre connaissance de la totalité du document en le téléchargeant ici

Jean-Pierre Lagadec
Globalmagazine

AJOUT au 24/04/14

Voir aussi l'article de Marianne du 22/04/14, signé Périco Légasse et consacré à la "beulinisation" de la france agricole :
"Alors que nos derniers paysans disparaissent, le lobby de la malbouffe et de l'industrialisation des campagnes garde la haute main sur le syndicat majoritaire. Voici le fossoyeur de l'agriculture française confirmé dans ses œuvres."

   Le Front National sort des tranchées. Son score dans les grandes villes cache la forêt des petites communes. fachos1Pas besoin ici de candidats FN, pour craindre pour sa peau en s’aventurant boire un café au bourg, tant les idées fachos sont déjà profondément incrustées dans les têtes. Elles tiennent le comptoir comme ils tiennent les urnes. Ils pavanent en levant leur Kro. Les plus forts, les plus retords, les plus malins, les plus habiles à trafiquer l’information, à imposer un modèle unique de développement, à faire taire toute velléité d’opposition, à impressionner le populo par l’entremise de leurs petits caïds.

    Si, par exemple, on signifie à un porcher ou a volailler hors-sol vivant des primes de Bruxelles, c’est-à-dire avec notre fric, l’agression permanente sur notre santé, notre environnement, notre porte-monnaie, de ses animaux en batterie qui puent, il s’arroge aussitôt le droit de vous casser la gueule. Et tout le monde d’applaudir. Pas besoin de liste FN aux élections pour comprendre de quelle manière les petits potentats locaux font le lit quotidien du futur kaiser. 

    Brecht a écrit sur le sujet une pièce de Théâtre en un acte : « Combien coûte le fer ? », une métaphore sur la montée du nazisme. On est en 1938. Un quincaillier vend du fer. Son seul objectif : vendre et avoir la paix. « Je veux vendre mon fer en paix, un point c’est tout. » Il se paye même le luxe de se déclarer « contre la violence. » Il ferme les yeux sur un gros client qui, peu à peu, lui achète toutes ses barres de fer à bon prix, pour, soi-disant, « mieux protéger ses voisins ».

fachos2   Les petits clients habituels du quincaillier, Monsieur Lautrichien, Madame Tschek… disparaissent un à un. Qu’importe, le commerçant ne s’inquiète pas. Il n’est « qu’un petit quincaillier qui n’a pas le tempérament belliqueux». Il a désormais un gros client. Le commerce marche, c’est l’essentiel. Pour le reste, fermons les yeux. « Mon fer, je ne sais pas ce qu’il en fait » … Jusqu’au jour où ce gros client entre dans sa boutique lui réclamer toutes ses barres de fer en lui braquant un pistolet sur la tempe.

    Le fascisme rampant c’est celui qui, au quotidien, s’installe dans nos têtes en considérant ces agressions permanentes comme normales, nous contraignant, comme le quincaillier de Brecht, à fermer nos gueules. Par lassitude. par habitude, pour boire son café en paix, par peur de déplaire à Papy, Bobonne ou tante Agathe, pour ne pas faire tort au commerce, ni abîmer son veston.

Comme personne n’ose les contredire, peu à peu les forts-à-bras font leur trou. Au premier acte, ils ont le coup de poing facile, au dernier c’est le doigt sur la gâchette qu’ils tentent d’impressionner leur monde.
Les petites compromissions font les grands fascismes. Nourris de nos peurs, les caïds aux petits pieds engendrent les fachos aux gros biscoteaux.

JK

Diplôme de poète professionnel !

plume    Enfin le Ministère de l’Education nationale et celui de l’Enseignement supérieur ont comblé un manque énorme en créant un nouveau diplôme : Le D.U.T de techniques commerciales, option « Poésie professionnelle ».
Certains avaient d’abord pensé, dans les ministères concernés et ce en lien avec le Ministère de la culture et de la communication, inscrire ce diplôme dans les études de lettres ou encore dans les arts du spectacle. Mais la raison l’a emporté : l’activité du poète professionnel est d’abord une activité commerciale, en attestent ceux qui la pratiquent aujourd’hui.
    Point besoin d’une grande culture littéraire. Le poète professionnel doit d’abord savoir gérer sa petite entreprise, savoir trouver de nouveaux marchés, savoir placer ses poèmes, savoir rédiger des factures etc. Il doit connaître au mieux les techniques commerciales qui seront donc enseignées en D.U.T techniques commerciales option poésie professionnelle : Négociation vente,  Mercatique,  Comptabilité,  Etudes et recherches commerciales, Approche des marchés étrangers, Droit et commerce, Distribution, Stratégie qualité, Gestion financière et budgétaire, Communication commerciale, Mercatique stratégique, Stratégie distribution, Gestion de la relation client, Maths appliquées aux produits de la poésie, Problématiques économiques appliquées aux produits de la poésie, anglais appliqué à la communication des produits de la poésie etc.
    Pour le champ de l’écriture, la commission chargée d’établir le programme a gardé quelques matières plus spécifiques et essentielles pour le futur professionnel de la poésie :
-Ecrire le sirupeux et le mièvre
-L’art du clinquant cliquetis vide
-Prononcer une conférence sans rien avoir à dire
-L’art de l’intrigue
-L'art de flatter le goût du jour
-Les valeurs poétiques marchandes aujourd’hui
-L'art du vaniteuxplume2


    Les poètes professionnels déjà en activité seront recrutés pour assurer ces enseignements plus spécifiques qu’ils maîtrisent souvent à merveille.
    Nous ne pouvons que nous réjouir de la création de ce nouveau diplôme.
    Il est enfin dépassé ce temps où des poètes, comme René Char par exemple, se contentaient simplement d’écrire sans jamais intriguer et en se tenant loin des salons ou commissions diverses. Voire en défendant des valeurs. Les seules valeurs de la poésie sont désormais commerciales fort heureusement. Nos poètes professionnels auraient beaucoup à apprendre à ces poètes amateurs désormais ringardisés.
    Le temps est donc heureusement révolu aussi où certains, comme mon ami Jean Rivet, osaient ironiser sur l'appellation "Poète professionnel" écrite en 4e de couverture d'un ouvrage (voir ce qu'écrivait Jean dans Dépôt de bilan 2, éditions Isoète, p. 35).
    Consulter le site du Ministère de l’Enseignement supérieur pour s'informer sur le contenu du diplôme et les modalités d’inscription.
    Il va de soi que les professionnels déjà en activité pourront obtenir le diplôme par la voie de la validation d'acquis d'expérience. Se renseigner au plus vite auprès des services concernés dans l'université la plus proche de chez vous.
    A compter de juin 2016 (avec l'obtention des premiers diplômes en I.U.T.) en effet, les conférences, ateliers d'écriture, résidences d'auteurs, lectures, récitals etc. ne seront attribués qu'aux détenteurs dudit D.U.T. techniques commerciales option "poésie professionnelle".
    Le ministère de l'Education nationale envisage aussi une option "poésie professionnelle" pour le bac pro "force de vente".

Guy Allix

COMMENTAIRE 2/04/14

POISSON D'AVRIL !
Et merci à Guy Allix d'avoir joué le jeu.
C'était ça ou une lettre d'Israël, signée Paul Bismuth.
JK

    Maître Knopp a fini de jouer au bois, résonnez musette ! Il nous revient sans gueule ni langue de bois. Juste une petite réprimande à propos du catastrophisme (cf plus bas sous le papier « Apocalypse now ») Pas le genre à t’envoyer des courriels courroucés dès qu’un mot ne lui plait pas, comme le faisait, il y a peu, sur un site Internet auquel nous collaborions généreusement, une petite cheftaine sadique en brandissant son fouet. Si encore elle s’était harnachée de porte-jarretelles, j’aurais pu lui répliquer « Merci Maîtresse ! Fouette-moi encore ! »
    Sur cette page de Bretagne, nous sommes en pays plus civilisé. L’acceptation de la contradiction est un signe de santé mentale. Mais bientôt viendront les robots. Knoppy sur le sujet en connaît un rayon. Et alors là, on ne répond de rien. Faudra ramper au doigt et à l'œil. Car le robot, lui aussi, est plutôt con.
JK 

    Oui. Je sens que je vais encore amalgamer. C'est mes lectures qui se télescopent, en fait. Qui s'entrecroisent, se mêlent et s'intriquent jusqu'à former le gloubi-boulga que voilà.
Au départ, j'ai lu un truc sur le salon « innorobot » et ensuite, tout s'est enchaîné...

    Technologie. Haute-technologie. Très-haute-technologie. Technologie spatiale. On nous apprend que de plus en plus de robots toujours plus performants vont progressivement remplacer les humains dans l'exécution de tâches ingrates, pénibles, dangereuses ou répétitives. Au commencement, les robots, c'était le truc des Japonais. Comme y z'habitent un archipel, la place est chère, et d'un point de vue culturel, ils n'avaient pas trop envie d'importer de la main d'oeuvre estrangère pour ramasser les poubelles et boulonner les bagnoles. Donc, robotisons, se sont-ils dit en Japonais. L'idée a été porteuse, tous les constructeurs bagnoliers du monde s'y sont mis, et même, ils sont allés produire avec des chaînes automatiques dans les pays à faibles coûts, là où l'heure-robote est moins chère.

     Mais alors maintenant, le plus beau, c'est que non seulement ces voitures modernes bourrées d'électronique ne sont quasiment plus construites par des humains, mais que les dernières innovations leur permettent de se conduire toutes seules, sans le chauffeur. Demain, pour rentrer des beuveries nocturnes, plus besoin de désigner un
capitaine de soirée ©, tout le monde pourra se biturer copieusement, titine est programmée pour rentrer au bercail en totale autonomie. Un peu comme les chevaux qui ramenaient la carriole à la maison quand pépé sortait du bistrot. Grosse déception pour la maréchaussée, tous les éthylotests à balancer. En cas d'excès de vitesse, le centre de paiement automatisé où sévissent déjà les robots-flics retirera le montant de l'amende directement par prélèvement automatique auprès du robot-guichetier de votre e-banque et après le retrait des douze points du permis, l'automobile est programmée pour s'immobiliser.
robot     De toute façon, y'aura plus tellement besoin de rouler pour aller bosser étant donné que d'autres robots assureront le job. On a commencé par les standardistes, les guichets, les caisses des supermarchés, et pis comme personne dit rien et que tout le monde laisse faire, le remplacement progressif des humains par des machines avance un peu tous les jours. Sur le même principe que l'aspirateur robot, on aura bientôt la charrue et la moissonneuse-batteuse guidées par drones et par satellites, il y aura donc aussi des robots-bouseux. Les aides-ménagères pour les vieux, pareil ! Ah, y z'ont vraiment pensé à tout !

    Ben... Peut-être pas à tout finalement ! On est quand même un sacré paquet d'humanoïdes sur cette petite planète ingrate, instable climatiquement et géologiquement, incapable de continuer à nous fournir indéfiniment et à titre gracieux le pétrole dont nous avons tant besoin. La salope ! Et alors, nous autres humains, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir foutre quand les robots feront tout le boulot à notre place ? Quand les bagnoles décideront d'aller se balader toutes seules sans personne à l'intérieur, avec la complicité de la domotique qui lui ouvrira la porte du garage et nous enfermera dans le salon ?

    Oui, passque, si on pousse un tant soit peu le raisonnement, dans un premier temps, il restera peut-être encore des humains réparateurs de robots, mais même ça, à terme, finira par disparaître... Au final, on va donc se retrouver à quelques milliards de crétins à pas savoir quoi faire, vu que tout le boulot se fera tout seul, en mode automate. Si on n'arrive pas à mettre en place rapidement le Revenu Inconditionnel Universel, plus aucun humain n'aura assez de fric à dépenser. Faudra donc aussi inventer des androïdes pour aller en vacances, consommer, bouffer et chier à notre place, vu que de place, on n'en aura plus ! Déjà les pizzas se fabriquent toutes seules avec du faux-fromage, on peut les livrer quasi-instantanément par drone interposé, voire les matérialiser avec une imprimante 3D, la machine « cloaca », installation de l'artiste Wim Delvoye qui produit de la véritable merde, existe en plusieurs versions y compris une pour les végétariens, il n'y a plus qu'à la décliner en mode bipède si on veut l'humaniser un peu.

    Même la sexualité dite « récréative » devrait pouvoir bientôt abandonner le principe d'un partenaire de chair, d'os, d'orifices et de protubérances grâce à la sophistication des sex-toys. Donc, au train où vont les choses, dans quelques années, nous ne saurons plus strictement rien faire de nos têtes et de nos dix doigts (enfin, vingt, si on compte aussi les orteils...).
    Je ne sais pas bien vers où on va là, mais la question qui me tourmente le plus, c'est de savoir s'il y aura besoin d'un permis pour tirer sur les drones qui vrombiront au dessus de nos têtes ou si la justice retiendra le principe de « légitime défense »...

Gilles Knopp