...à périodicité très variable, ouverte le 23 février de l'an de grâces (matinée) 2014...

et (presque) fermé en janvier 2017


sphinx

PRÉ EN BULLE
Cette page n'est subventionnée par aucune collectivité territoriale,
car nous détestons la littérature de faussaires à la main d'organismes bidons ( Offices, fausses assos, EPCC...), instrumentalisés en sous main par des élus.
Quand, par le passé, les gouvernants, ou leurs porte-plumes serviles, se sont occupés de régenter art ou littérature, on a aussitôt
pu constater la régression mentale.


(avec la complicité de Léonor Fini, ici à droite)

Le mot "Bretagne" de ce titre n'implique aucune allégeance à un quelconque communautarisme, autonomisme ou indépendantisme. Il situe juste le lieu de la culture (et parfois de la langue) d'où nous écrivons. Notre regard essaie de porter plus loin que les Régions, les États, les continents... ou les galaxies, car nos territoires sont avant tout imaginés.

Vous avez de bonnes griffes, vous aimez la couleur, vous aimez ouvrir votre gueule, vous détestez la censure
...cette page est à vous
Si votre contribution ou réaction est retenue par le "comité éditorial tricéphale" *, à humeur bien tempérée, votre signature (ou pseudo) y figurera. Les réactions  parvenant à l'adresse du site seront toutes publiées.
* à savoir : Régine Mary (Iso), Gilles Knopp (Knoppy) et Jean Kergrist (JK)

Pour un formatage américain à réactivité immédiate, il faudra vous adresser au logiciel Wordpress. Ici on prend le temps des relations humaines et des labyrinthes rigolos des fêtes foraines. On s'en fout totalement du nombre de zamis sur fesse-bouc.

On n'est pas à un jour près, ni à un mois.
On prend le temps, avant d'écrire, de tourner 7 fois la plume dans l'encrier des sentiments. On amène ses crayons de couleur, on s'écoute, o
n se cause et on se contredit courtoisement. Pour vos plaidoyers en faveurs du Front National, du pâté Hénaff, de la Légion étrangère, de l'Institut de Locarn, ou de l'agriculture productiviste, adressez plutôt vos textes à Minute ou à La France Agricole.

Depuis fin février 2014, sur cette page, déjà près de 400 articles (tous en ligne). Pour faciliter leur repérage, ils sont numérotés. Le moteur de recherche interne vous permet de trouver les thèmes abordés ou les personnes citées.

Marquez cette page dans vos onglets de favoris et merci de la signaler à vos amis et proches.
Pour publication ou commentaire, rendez-vous à la page contact du site. Textes et commentaires (sans injures ni diffamation) pas trop longs si possible.
Aucune censure : ils seront publiés intégralement.

Des comiques, il y en a de très mauvais et même de pas drôles du tout : Philippe Val et Bedos Junior qui se vautrent dans l’islamophobie et la haine des Bretons (évidemment « incultes »), pour faire bonne mesure avec Dieudonné qui, lui, fait de l’antiseémitisme son fonds de commerce. Il n’a pourtant pas toujours été comme ça le Dieudo. On rigolait de bon cœur avec lui quand il faisait la paire avec Elie Semoun... Junior en revanche, n’est que le pâle reflet d’un père dont « La Drague », avec Sophie Daumier, aura marqué les annales autrement qu’avec la merguez dont son fils menace les nôtres.
A croire que les comiques sont meilleurs quand ils vont par deux : Dupond et Dupont, bien sûr, Yolande Moreau et Bruno Lochet, Fred et Omar, Liliane et Catherine... sans oublier Rozan et Tartrais.
Car, dans le Trégor, nous avons Rozan et Tartrais. Leur truc à eux, c’est la langue bretonne. Dès qu’on en parle, hop, Serge de Lokireg appelle Jean-Yves à Sant-Eganton à la rescousse, et ils nous pondent à quatre mains une énième chronique nécrologique, compte-rendu d’autopsie à l’appui. Il y en a, c’est la révolution permanente. Eux, c’est l’enterrement permanent.
Car les enterrements en Bretagne, comme chacun sait, il y en a des pas tristes !
Le breton est mort depuis longtemps, et alors ? C’est pas une raison pour ne pas le tuer encore. Impayable je vous dis. Faut pas croire : le breton, ils sont pas contre, Rozan et Tartrais. Il est mort, c’est tout. Ils en sont même peinés, mais c’est comme ça : Mektoub, Petra'ri ? Alors, il faudrait que les salafistes d’Aïta cessent de leur faire de la peine en parlant cette langue morte et en l’instrumentalisant pour piéger les élus : du genre, soit les élus l’ignorent, et c’est des vilains jacobins, soit ils veulent bien lui accorder une petite visibilité dans la vie publique... et là, crac, ils vont se retrouver obligés de tenir leurs engagements et d’en rendre compte ! Imaginez : si les élus doivent rendre des comptes maintenant, où va-t-on ?
D’ailleurs, le breton, c’est bien simple : tout le monde s’en fout. Au moins autant que des sans abris (ya toujours eu des pauvres...), du réchauffement climatique (quelle blague !), du recul de la diversité biologique (trop tard), du sort des Rroms (des voleurs !) ou du conflit israélo-palestinien (insoluble, ma pauvre dame). C’est vous dire si c’est la peine de s’y intéresser !
En plus, tant qu’à apprendre une autre langue, choisissez-en une dont les structures sont bien différentes du français, nous conseillent nos deux bretonnants confirmés et experts en psycho-linguistique... Le breton, dont la phrase n’est pas systématiquement construite sur le modèle sujet- verbe-complément, c’est beaucoup trop proche du français. Pas comme l’Italien ou l’anglais...
Et puis le breton, c’est une langue tellement infirme qu’elle est « dans l’obligation de créer à tout va des néologismes pour être une langue du présent »... C’est bien connu, les langues vraiment vivantes, elles ont tout ça en stock (comme disait Rabelais) depuis la tour de Babel, bien avant que le concept (comme disait Villon) ou l’objet ne fasse son coming out (comme disait Molière). Relisez donc l’article consacré à l’électronique moléculaire dans l’Encyclopédie de Diderot !
Et puis, une langue, il faut qu’elle soit utile dans la vie quotidienne, et avec un max de locuteurs tant qu’à faire. Comme le mandarin, l’arabe ou l’anglais, tiens : ça c’est des langues ! Qu’est-ce qu’elle en a à faire, l’humanité, d’être riche de sa diversité, de la convivialité choisie et de la différence assumée et partagée ? Bon, d’accord, le patrimoine, la poésie, la musicalité, c’est bien joli tout ça, mais c’est pas ça qui va nous ramener la croissance, quand même ?
Je vous le disais : à quatre mains, c’est toujours meilleur !

Jean-Do Robin, membre du « fan-club » Rozan-Tartrais

ogm
Dessin de Gilles Knopp

Stéphane le Foll, converti au réalisme de son collègue Montebourg, ne dit plus non aux OGM

Lettre ouverte de Françoise Verchère à Manuel Valls

Monsieur le Ministre de l'Intérieur,

 

Je vous ai entendu commenter dès samedi soir les événements en marge de la manifestation contre l'aéroport de Notre Dame des Landes et vos propos appellent de ma part quelques réactions et aussi plusieurs questions.

Sur les chiffres d'abord : vous avez parlé de 1000 casseurs et de 20 000 manifestants dont vous avez dit qu'il fallait les différencier des premiers. Je crois décidément que vos services ont un problème avec le calcul car nous étions beaucoup plus de manifestants et il y avait beaucoup moins de casseurs : disons qu'on pourrait diviser le premier chiffre et multiplier le second par deux au moins pour approcher de la vérité. Mais dans cette affaire d'aéroport, la vérité est décidément malmenée depuis longtemps.

Sur les fameux casseurs : je vous avoue que j'ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu'ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir ; les avocats savaient qu'ils risquaient d'être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l'aéroport de Nantes-Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant « qu'ils allaient gâcher notre manifestation ».

Je m'étonne donc que « les forces de l'ordre » n'aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n'est-ce pas ? Puisque l'on sait désormais interdire un spectacle avant même qu'il n'ait lieu, et puisque nous n'avons pas sur la ZAD 1000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J'imagine que s'ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ?

Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant délit ? Est-ce pour cela que vous n'avez pas fait protéger l'agence Vinci, située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier, parkings, aéroports.) dont vous saviez qu'ils seraient forcément des cibles ? Est-ce pour cela que la Préfecture n'a autorisé qu'un parcours ridiculement petit, jamais vu jusque là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du compte combien y a-t-il eu d'interpellations ? Une douzaine seulement.C'est assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel anti-émeute, alors que la fermeture du centre ville était inédite, alors qu'il y avait vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés.non

Évidemment les images de « la guérilla urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l'envi plus que celles du char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant paisiblement. Évidemment, cela permettra d'occulter une fois encore le fond du dossier, évidemment le chour des partisans de l'aéroport poussera des cris horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la manifestation.
Organisateurs qui ont pourtant tenté d'éviter l'affrontement en interposant des tracteurs entre l'imposant mur de fer érigé et ceux qui voulaient effectivement en découdre.

Organisateurs dont le métier n'est pas d'assurer l'ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire mieux que vous. Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n'a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d'être la vitrine légale d'un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire.encore un peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les commissions mises en place. Débat déloyal puisqu'il y a une « vérité officielle » intangible même quand elle est contraire aux faits, aux chiffres et à la réalité. Le Premier Ministre ne reconnaît la validité que de la commission du dialogue à qui il avait donné mission de valider à nouveau le projet, mais refuse de regarder les conclusions accablantes de la commission des experts scientifiques au regard de la loi sur l'eau. Comment croire encore à la parole de l'État ?

En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très lisible et vieux comme le pouvoir.

Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l'opinion publique qui nous est aujourd'hui favorable, on fera appel à la peur du désordre, on utilisera l'image, déplorable je vous l'accorde, des dégradations commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra mettre les moyens (ils sont mille, ne l'oublions pas, et les tritons innombrables.) mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la loi »? Permettez-moi de vous le déconseiller car pour que nous, citoyens, acceptions désormais cette clef de voûte théorique de la société, (« la seule violence légitime est celle de l'État »), il faudrait que l'État soit irréprochable, que la loi soit juste et que ses représentants soient dignes du mandat que nous leur avons confié. Vous avez compris, je pense, que ce n'est pas le cas depuis longtemps.
rueDepuis deux jours, j'ai lu et entendu que le centre ville de Nantes était « saccagé », qu'un commissariat avait été « dévasté », qu'il faudrait du temps pour « panser les plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être chiffrés, autant dire que c'était l'apocalypse. Les mots eux-mêmes sont visiblement sens dessus dessous... Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour juger de la situation ? Aujourd'hui dimanche, flottait certes une petite odeur de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les nantais flânaient. Je ne nie pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d'autant plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d'argent public qu'induirait le transfert de l'aéroport !

Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu'un jeune manifestant a perdu un oeil à cause d'un éclat de grenade assourdissante. Ce n'était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à Nantes, à cause d'un tir tendu de flash ball lors d'une manifestation sans violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m'interroge sur la manière dont les forces de l'ordre utilisent leurs armes et me scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement persistait dans son projet d'aéroport, la destruction du bocage de Notre Dame des Landes et de la vie qu'il abrite serait elle aussi irréversible.

Il faut arrêter un projet désormais dans l'impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable : respecter la loi sur l'eau, améliorer l'aéroport de Nantes-Atlantique et rendre sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer aux blacks blocs si vous le jugez indispensable.

Dans l'espoir de votre réponse, je vous assure de mes salutations les plus distinguées,

Françoise Verchère,
Conseillère générale de Loire-Atlantique

Françoise Verchère a quitté le Parti socialiste en 2006, elle siège ensuite sous l'étiquette « Divers gauche » puis Parti de gauche DVG puis PG

Petit aperçu de la manif de Nantes (avec un clin d'œil à 2,30 )
ICI

mirachasse
Et bienvenue sur le Web au nouveau site de dédé l'Abeillaud et son "âme de dérision massive"
Je me fais l'honneur de parrainer ses "beaux nez rouges".

25/02/14, avec suite au 27/02/14

Méfiez-vous des distractions fatales ...

Monsieur LUCAS ! avait appelé l'infirmière, c'est à vous. L'homme était entré. Bien, avait dit la doctoresse, Monsieur Lucas contrôle technique ! Nous avons interrogé votre compagne, elle ne se plaint de rien pour l'instant. Installez-vous, nous allons vérifier comment vous respirez et puis si elle dit vrai. Ouvrez la bouche s'il vous plait, je note, voile détendu apparemment. Prenez une bonne respiration et soufflez juste là, dans le bouchon. Denis avait soufflé avec application. Mais, ma parole vous faites du sport ! s'était exclamé la gordone. Vous le savez Monsieur, c'est dangereux et strictement interdit ! Mais, pas du tout, avait mentit Denis. Je marche cinquante mètres pour aller au bureau, je prends l'escalator, suivi de l'ascensor, rien de moins, rien de plus, je fais tout comme il faut, je suis le processus.

Vous en êtes certain vraiment, Monsieur LUCAS ? Faites bien attention, sachez que nous vérifierons ! Denis ne prit pas peur, et toisa l'adversaire. Comme vous voudrez, Madame le docteur, avait dit l'animal, vous pouvez vérifier, ce sera vite fait, je vis dans un bocal !

Après cela, Monsieur Lucas était rentré chez lui plus fatigué que d'habitude, le menton triste, la bouche en bas. Il accusait ses soixante printemps, ce jour là.

Mais enfin, cher, très cher Denis s'exclama la belle Lily, que n'avez vous pensé au gâteau? Je viens de préparer les soixante bougies, nous allons fêter ça, vite ouvrez la fenêtre, il fait beau ! Denis, qui d'ordinaire affichait facilement son vieux sourire d'adolescent, ne trouva pas le mode d'emploi. Il l'avait perdu certainement, laissé à l'hôpital là bas, oublié dans la salle d'attente.

Denis ne se dérida point, et déposa son embonpoint dans son fauteuil gris Renaissance, puis tourna son sourire absent vers sa belle. Lily ma douce, foin de vos sucreries, il n'y aura point de gâteau cette fois ci ! J'en n'ai pas le cœur ma mie. C'est fini je vous dis, je n'engraisserai plus les rentiers du faux sucre. Le vrai n'existe plus, c'en est fait je m'arrête là. Rupture définitive avec le chocolat. Je romps avec le superflu, je divorce des produits chimiques. Je veux fuir tout ce qui m' intoxique. Je veux me mettre au vert. Au cru. Au jus. Au clair. Lily, comprenez-moi ! Encore un peu, nous serons foutus. Mon ange, c'est décidé, c'est la guerre. Je ne veux plus passer par chez l'apothicaire ! Et pour tous les faire chier, j'irai jusqu'à la fin, en excellente santé.

J'aspire à respirer mieux qu'hier et moins bien que demain. Sortez de vos placards l'aspartame et les glutamates. Mon cerveau est touché par tous leurs produits lights. Je n'en veux plus. J'ai deux kilos à perdre je suis en sur-poids, il me faut m'affiner avant la fin du mois, je passerai le trente, à la pesée obligatoire. Imaginez. Soixante ans c'est affreux, me voilà désigné ronfleur, ils veulent m'équiper de leur respirateur. Je n'en peux plus. Cela fait cinq années, cela n'est pas normal, que je rase les murs, que je serre les fesses pour échapper à leur toucher rectal. Mon corps n'est plus à moi Lily, il est à la santé. Je les déteste ! Une fois de plus les gens de l'hôpital veulent vous interroger. Jurez ma chère, ma mie, ma sœur, jurez que vous résisterez. Jurez !

Mon amour, répondit Lily en riant, je le jure. Denis, je vous le jure. Vous pouvez ronfler tranquillement. Je suis une tombe et je doute qu'ils aient installé des micros. Ayez confiance, vous connaissez ma résistance. A deux, nous saurons mieux défier tous les barbus de la santé. Et vous avez raison, jamais nous ne pisserons pour eux et nous mourrons entiers mon cher. Jamais ils ne nous équiperons, de leur machine à pousser l'air. Confiance Denis, confiance mon ami, ils ne nous auront pas.

Lily s'assit sur les genoux du désespéré et lui raconta le quartier. C'est vrai, je vous donne raison, le nouvel ordre du marché veut nous brancher et nous débrancher à sa guise. Pour nous rendre esclaves, ils sont forts, et voyez pour l'apnée ... Elle rentre dans les têtes, à chaque inspiration. L'apnée vous tue répète la télé ! Sitôt la peur s'installe. L'apnée vous tue ! L'apnée vous tue ! Pareil pour la prostate ! Vous pissez une fois et vous êtes fiché. Si vous entrez dans leur boutique, vous êtes fait comme un rat, c'est bien là leur tactique. Ils sont forts, je le sais. Ah, je vous sens miné mon ange. Allé, rendez moi un sourire et donnez votre dos que j'aime à grattouiller. Denis comme un gros chat se mit à ronronner.

Sachez mon cher, que les épouses sont en alerte. Et dans toutes les rues l'apnée court à leur perte. Elles comptent. Entre deux ronflements, elles comptent, elles ne font pas semblant. Au secours, mon mari vient de dépasser les quarante. Vite, je n'en peux plus de compter ses apnées. Je n'en dors plus docteur, il me faut des antidépresseurs ! Ou la pilule à bien dormir. Allé. Je vous en prie docteur. Ils disent que c'est grave. La peur s'installe entre nous deux. Délivrez nous cette machine. Il nous faut la machine pour retrouver notre bonne vieille tranquillité. Docteur une ordonnance sinon je meurs. Une ordonnance. Allé ! Les épouses rentrent avec le papier, les pauvres hommes n'ont rien à dire, ils se soumettent à l'oppresseur !

Les trois premières questions du docteur sont très bien dirigées. Monsieur êtes vous plus fatigué que dans votre jeunesse ? Est ce que vous dormez bien ? Est ce que vous ronflez ? Et zou le processus est enclenché. Le patient se laisse mener. On dit que c'est pour sa sécurité. Et qu'il pourrait mourir d'arrêter de respirer. PAF. Il prend peur et il se laisse tout vérifier, de la glotte aux quenelles, jusqu'au bout du tunnel. Il se soumet à l'inspection, à toutes les interrogations et il attend les conclusions.

Denis Lucas, le ronfleur en surpoids, va-t-il bientôt recevoir sa belle machine ? Ne risque-t-il pas de s'emmêler les tuyaux ? Lily, la nuit, va-t-elle continuer à compter les apnées de son homme ? Va-t-elle faire chambre à part en comptant plutôt les moutons ? Et qui donc est l'auteur de ce texte inédit ?

Le suspens est total.
De quoi, en distillant par bribes, tenir le lecteur en haleine pendant au moins huit jours.
Mais ici on n'est pas des sadiques :
vous saurez tout dès demain, mercredi 26/02/14

Solutions aux énigmes d'hier :
-Ce texte inédit est signé Sainte-Iso (alias Régine Mary)
-Pour lire tranquillement la suite
et obtenir le texte d'un seul tenant,
il vous suffit d'en télécharger ici le pdf

 

UN COMMENTAIRE

-À 50 berges passées, j’affiche "une certaine surcharge pondérale", comme il disent, avec les ronflements et l’apnée du sommeil qui vont avec. Ceci ne m’empêche pas de prendre mon pied avec ma gentille Lily à moi. À croire que les femmes, avant de regarder ton bide, font d’abord attention à ce que t’as dans le ciboulot. Donc, de ce côté-là, c'est plutôt encourageant et c'est pas moi qui irais me plaindre.
La machine à creuser le trou de la sécu et, accessoirement, à respirer, je connais. J’en ai trimballé une pendant deux ans. Tu sauras, Sainte Iso, que ça soulage, même si t’as l’impression, chaque soir en mettant ton masque, de partir faire le brave dans les tranchées de 14-18.

Il y a peu, un copain m’a conseillé un truc bien plus performant : au lieu de mettre un masque à gaz, tu t’enfiles dans la bouche, avant de dormir, un dentier en plastique, préalablement trempé dans l’eau chaude pour le modeler à ta dentition. De petites languettes réglables éloignent de quelques millimètres vers l’avant ta mâchoire du bas de celle du haut. Ça suffit pour empêcher ta langue de bloquer ton pharynx. Plus de ronflements, plus d'apnée. C’est d’une simplicité enfantine. À la deuxième nuit t'oublies ton dentier. Si t’es catho, tu peux même le tremper avant usage dans l’eau bénite.
La marque c’est Oniris. Ça coûte 70 €. Sans ordonnance. C'est la raison pour laquelle ils n'ont droit, dans la pub, de ne parler que de ronflements, pas d'apnée. Non remboursable, évidemment, alors que ta nuit passée en observation à l'hôpital avant de te fourguer une machine, t'est totalement offerte par le trou de la sécu.
Quand tu demandes Oniris à ton pharmacien, il te fait de grands yeux. Aucun visiteur médical, aucun toubib ne lui en a parlé. Faudrait pas tarir la poule aux œufs d’or du système de santé, qui s’avance toujours masquée. Alors, devant tant de mauvaise volonté, tu te résouds à commander sur Internet.
Pour embrasser la Lily, tu peux enlever ton appareil quand tu veux. Pas plus compliqué que de lui enlever la culotte. L’est pas belle la vie, Régine ?
Laurent (Avec la complicité rédactionnelle de JK)

moutons
L'auteur de ce dessin est inconnu au bataillon
(déniché par Marcel de la Gare)
Indice signalé par un lecteur, après examen à la loupe :
il porte une date : 1971 ou 1974
et a été signé par un certain François de Keroz ou de Kasoz

LES RÉACTIONS

-Où on va là ? Si maintenant tout le monde se met à marcher à contre-courant, on va bientôt se retrouver à poil au fond du gouffre. (Saint-Raphaël, moraliste subventionné)

-Ce dessin est trop subtil. Pour que les gens comprennent, faut du lourd, du vite fait, du dessin béton qui colle au dentier. Faut bien croûter. (Emmenthal, dessinateur fromager)

-Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, hi hi ! Oui, oui, oui ! (Sainte-Bécassine)

-Un dessin comme ça, moi j'aurais tout de suite censuré. (Sainte-Nitouche)

-Avec des moutons hors-sol, on ne connaîtrait pas ce genre de problème. (Agricolef)

-Chair à mouton, chair à canon ! Chair à cochon, chair à faux-jeton ! (Cap'tain Frilouz)