38 - Espace-temps

einstein     À peine posé mon sac de voyage, voilà que mes deux protégés viennent me titiller les méninges à propos de ma compréhension personnelle de l’espace-temps. Il va me falloir relire Kant. C’est surtout lui, bien avant Einstein, qui a mis en avant ces deux catégories fondamentales, structurant la pensée humaine. Ce dernier adjectif laisse supposer qu’il y ait d’autres éventuels zoulous non humains qui pensent aussi. Peut-être dans d’autres galaxies ? Les américains viennent d’ailleurs de découvrir une exoplanète (Kepler 186-F) identique à la nôtre, à seulement quelques milliards d’années lumière de nous.

    Comme elle est un peu loin, pour l’instant restons sur la nôtre, qui n’est pas trop mal sous le soleil.
Maître Knoppy me reproche une mauvaise utilisation de l’espace. (cf plus bas ses commentaires à 35- Impressions turques )
Maîtresse Iso, une appréhension trop restrictive du temps. (cf son papier 36-Couper ? hors de question ! )

    Avec ces deux-là, qui savent stimuler les neurones, on va tout de suite à l’essentiel. Kant, pour éviter Alzheimer, en aurait fait comme moi ses deux premiers disciples. Ils m’obligent à pénétrer plus avant les abîmes nébuleux de mes méandres cérébraux. Je ne peux plus me passer d’eux. Essayez donc d’imaginer Don Juan sans Sganarelle, ou Don Quichotte sans Sancho Panza ?

    Va donc me falloir creuser plus avant, car ces catégories d’espace-temps sont liées comme fesses et culottes. En effet, si je me déplace dans l’espace, je constate aussitôt que le temps passe - que le tampax… hi, hi, hi ! comme ferait Sainte Bécassine, en mitonnant sa cuisine à la censure sur un site fourre-tout d’à côté, sur lequel nous avons tous les trois, jadis, beaucoup souffert de dénutrition chronique -.

    Knoppy ne veut pas aller trop loin. Iso veut faire plus long. Ce ne serait pas un peu contradictoire comme exigences ? Si je vais loin, c’est forcément long et si je veux faire long, faut bien que j’aille loin. Faudrait accorder vos fouets mes loulous ! Raymond Devos ou Fernand Raynaud, eux aussi disciples de Kant, ne vous diraient pas les choses différemment.

    Moi qui voulais jouer au guide suprême, je ne sais plus trop à quel sein me vouer. Celui, restrictif, de Knoppy, ou celui,shema généreux, d’Iso ?

    À la réfléchissitude, Il y a quand même une petite différence entre les deux. Si je décide, à la Knopp, de ne plus bouger, j’échappe à l’espace, mais pas pour autant au temps. Le temps est donc vainqueur de l’espace par KO au premier round.
Bravo Iso ! C’est lui qui, avec Gabrielle, guide mes espoirs. Ou qui les ruine, selon.
    Un baiser bien baveux de Johnny pendant une minute entière, ça doit être assez long. Un sermon d’une petite minute d'un curé de campagne c’est trop court pour qu’on puisse se convertir. Avec Bossuet ou Bourdaloue c’était des heures d’affilée, au point d’ailleurs de « faire souffrir la vessie des dévotes » qui, du coup, apportaient leur pot de chambre à l’église. En un mot, le long et le court, liés au temps, sont relatifs. Merci Einstein. Un peu comme le cru et le cuit. Merci Lévi-Strauss, inventeur du blue-jean.

    Pour en revenir à la longueur des articles, on dispose de noms spécialement étudiés pour : une brève, un entrefilet - à ne pas confondre avec un beefsteak - un édito, un billet, un reportage, une chronique, une enquête, une critique, une tribune libre et, quand on passe aux catégories supérieures, un opuscule, une nouvelle, un essai, un roman… Un peu comme en athlétisme : le 100 mètres, le 200 mètres, le 3000 mètres, le décathlon -où j’achète mes chaussettes-, le marathon… (le Pentateuque, par contre  concerne la bible)

    Ce n'est donc pas une question de normes, ma chère Iso, mais de convention tacite (auteur latin) et multi centenaire (depuis Gutenberg) entre auteur et lecteur.

 
    On va dire, pour faire simple, que, sur cette page, c’est plutôt le genre billet d’humeur ou édito, donc pas trop long.

    Mais que cela n’empêche surtout pas mes valeureux camarades de chambrée d’écrire à côté, sur leur temps libre, des essais ou des romans. Moi-même, pour ne pas me vanter, m’éventer, m’évider, m’éviter de m’inventer, j’en ai commis quelques-uns. Mon prochain, si je n’ai pas trop la flemme de le finir avant l’été, s’appellera « Métaphysique du lapin de garenne ». Une course à la carotte d’au moins 250 pages. Vous voyez, mes chéris, que je sais aussi faire long.


JK

COMMENTAIRES 20/04/14

-Cher justicier chevaleresque du minuteur décamètrique galaxien, pour faire court, j'ai apprécié
vivement que vous me transformiez en Sganarelle ou Sancho Pansa,  votre habileté légendaire
suggérant d'office que vous vous gardassiez les rôles de Don Juan et Don Quichotte de la mancha !
Ne croyez pas pour autant, cher ami de la plume agile, qu'après votre subtile et brillante tentative
de manipulation,  je raccourcirai comme il vous plaira. Non non non non, je n'en démordrai pas ! Et qui
m'aime me suivra, avec ou sans pot de chambre, comme il lui plaira !
Il en va ainsi que si nous écourtions tout à l'envi, mon cher ami, nous assisterions pour un peu et dans pas longtemps,
à la disparition totale, globale, mondiale, et fatale, des péliminaires ! Préliminaires qui contrairement à leur genre
sont plutôt du style féminin... Nous assisterions, à la disparition de nos rêves même d'espérance de jouissance partagée qui,
my god, sont déjà en voie d'extinction !
 
Gardons intact notre appétit, cultivons notre gourmandise, qu'il serait triste de faire court quand on a tellement envie
de faire long.
Iso
 
-La définition de normes, tant honnies par Madame Iso,
constituent toujours, pour peu qu’elles ne soient pas trop tatillonnes, une avancée pour la protection des citoyens, en proie, sinon, à l’appétit sans limite des margoulins ultra-libéraux.
Je connais aussi des clients qui mettent leur chat dans leur sèche-linge ou leur four à micro-ondes et qui se tournent ensuite vers les tribunaux pour demander réparation de leur préjudice, sous prétexte que les notices d’utilisation ne précisaient pas cette interdiction.
Christian

-"Tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément" écrivait Boileau. "Tendre en vers, mais cruel en prose", disait de lui Mme de Sévigné... ce qui laisse supposer que la dame avait peut-être aussi échangé avec lui quelques préliminaires (elle n'avait que 10 ans de moins que lui)... ce qui n'empêchait pas, par ailleurs, notre auteur de bien ciseler ses courtes maximes.
Toujours le même problème : ne mélanchon pas trop genres littéraires et vie amoureuse. Ils ne se recoupent pas totalement.
Quant à Sganarelle et Sacho Panza, je les ai toujours préférés à leurs maîtres, que je trouve toujours un peu casse-couilles. Une affaire de complexité, de subtilité et de... gourmandise.
JK