36 - Couper... hors de question !

  En relançant mes chers collègues collabos de cette page de Bretagne, j’ai eu le malheur d’ajouter : « La consigne : pas + d'une page, car, d'après mes stats, la durée de consultation moyenne c'est une minute .»
    Oui, c’est ainsi, chers lecteurs : vous êtes très, très nombreux, mais pressés. Et moi, Dieu le père derrière son clavier divin, je scrute vos réflexes en apprenant par cœur les chiffres et les tendances des consultations de mes ouailles, même si j’ignore totalement vos identités (manquerait plus que ça !). J’ai donc, peut-être un peu trop vite, proposé à mes collabos qu’on s’adapte à votre rythme flemmard en faisant court. Que n’avais-je proposé là ! La volée de bois vert que je me suis prise en retour d'une certaine Iso, célèbre catcheuse anti-normes.
JK

c1Les stats sont faites pour nous "réductionner" de l'expression libre, nous couturer, clouerle bec à nos crayons, ramollir nos craies, dérégler nos claviers JE LES EMMERDE JE LES EMMERDE grave !
On va pas se laisser faire bordel !
COUPER... HORS DE QUESTION !
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Raccourcir, faut tout raccourcir, raccourcir ! Autrefois se faire raccourcir, ça voulait dire se faire couper la tête ! A bien y réfléchir, sans tête, on manque de hauteur et on ne ressemble plus à rien. C'est ce que je disais l'autre jour à mon voisin qui voulait me faire couper la tête de mon joli sapin.

c2A en croire le temps moyen de lecture sur le site internationalement célèbre de Monsieur KERGRIST le seul, le drôle, l'unique en son genre, tu n'aurais cher phénoménal lecteur, suite à ton clic, qu'une pauvre minute, une ridicule, misérac3ble et minable minute à consacrer aux choses de l'esprit ! Impossible. C'est faux. Je ne te laisserai pas insulter par les statistiques.


Elles te traitent de fieffé radin, de constipé du sablier, d'avare de l'emploi du temps. Je n'entends pas cela. c14La faute aux analyses du système informatique pour nous isoler un peu plus et nous laisser accroire qu'aujourd'hui tout est vite expédié, la lecture comme l'amour. C'est faux. Tout cela n'est que manipulation. Nous n'allons pas tomber, ami cultivé, dans la réduction morbide imposée par les normes, alors qu'à cause d'elles, pour bosser, les temps de papier aujourd'hui, sont plus longs que les temps de chantier. Honte aux analyses faussées.

D'après les statistiques, nous sommes tous devenus des zappeurs fous consommateurs pressés qui ne savent plus lire pour le plaisir, plus d'une minute sans se faire chier ! ... Impossible ! C'est faux. On nous censure. On nous diminue. On nous rétrécit. La volonté du grand marché veut nous réduire à ne plus lire que ses référentiels. Jamais. Impossible ! Amis poètes, nous allons résister !


c4Nous n'allons pas t'écrire lecteur chéri sur ce site, une page de PUB en trois lignes pour ton temps de cerveau disponible et donner raison à Patrick Le Lay ! Nous n'allons pas te servir au drive, une minute soupe Knorr à l'eau tiède, pas nous ! Nous t'écrirons généreusement sans compter nos lignes, tu les liras amoureusement sans mégoter, je le sais. Quand on aime on compte pas.
c5Nous n'allons pas nous résigner à tout faire dans l'express, papier express, deuil express, chagrin d'amour express, chômage express, contrat de travail express, se faire virer en deux secondes, accoucher en 3 minutes, chimio éclair, mort expéditive, crémation prestissimo... La chose est trop grave et à cette allure, on finira par trouver normal qu'on nous raccourcisse le printemps ! Ah nan !


c6Si on n'y fait pas gaffe, on ne lira plus que des textos mode abrégé "a2m1" "jtkit" en s'enfilant un Mac Do XXL avec un gigantesque coca pour avaler nos antidépresseurs ! C'est ce qu'on veut de nous, alors pas question. Je lis dans tes yeux que tu es d'accord ami des mots liés. Rêvons de lenteur partenaire lecteur, de temps pour dire, de temps pour lire, de temps pour réfléchir et digérer après ... Oublions les drives et les compteurs, et nous écrirons sur nos sites respectifs à la craie, sur une vieille ardoisec7 : Cher animal lecteur, ralentis, va doucement, c'est tout bon.


Chez nous, on  respire, on boit un coup et on lit tranquillement, en gardant une oreille sur le chant des oiseaux ! On hume les mots, on les goûte, on les déguste, on les sent, on les mâche lentement, pendant que le repas mijote peinard sur le gaz, à petit feu. A gauche un petit verre de vin sans sulfites, à droite une feuille, un crayon à papier pour cueillir un adjectif vite perdu quand la feuille se sera envolée, lentamente ! On se lira respectueusement et le temps qu'il faudra, avec sur les genoux un chat qui soupire, on se lira sans métronome et sans chrono et sans craindre de payer rapido des impôts sur nos temps de lecture.c12

Fini l'hypertension, la chasse à l'évènement, la course après le temps, la traque aux scoops ! Arrêtons les pendules. Libérons les coucous, déréglons nos clochers, sus à big ben. Ta gueule big brother tu nous fais même pas peur. Lisons-nous les uns les autres en dehors des cadrans. Pour bien vivre, il faut prendre le temps d'être vivant. Et si mourir c'est comme changer de vêtements, un livre à la main, on se déshabillera lentement.
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PS Petite fin de Jean YANN : O commandeur des croyants, maître de l'Orient, écoute ma requête. Ne me fais pas couper le cou, ce serait inutile et bête. Je suis eunuque de métier, alors daigne considérer, qu'un eunuque décapité, ça n'a vraiment, ni queue ni tête !

 


Iso, aussi appelée Ciso