302 - MASCARADE LE RETOUR

Le comité régional porcin a de la suite dans les idées. Au printemps 2015, les entreprises agroalimentaires et les collectivités territoriales (région BZH, départements, villes…) étaient invitées à cracher à sa tirelire pour promouvoir le cochon industriel hors sol, lors d’une « Pig-Parade » organisée sur plusieurs mois.

L’astuce consistait à faire appel à des artistes pour peindre de grands cochons en béton, tous identiques, circulant ensuite dans les grandes villes pour, enfin, les vendre aux enchères au profit des restos du cœur, noble cause s’il en est.

L’affaire avait plus ou moins foiré. Certes quelques artistes collabos avaient offert leurs pinceaux pour crédibiliser cette opération de com destinée à redorer l’image du cochon en batterie. Faut bien gagner sa croûte. Mais, du côté de Perros-Guirec, un groupe citoyen s’était fendu d’une « pig mascarade » pour dénoncer la grosse entourloupe des porchers. Les restos du cœur, comprenant la manipulation dont ils étaient l’objet, avaient refusé ce cadeau empoisonné.

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Cette année, soucieux de « continuer à tisser du lien sur leur territoire » (sic), les porchers remettent une couche d’épandage artistique. Ils ne s’adressent plus aux artistes peintres, sans doute un peu honteux de leur collaboration passée. L’opération, cette fois, utilise les petites têtes tendres des CM1 CM2, nettement plus malléables, dans le cadre des TAP (Temps d’Activités Périscolaires), sorte de garderie scolaire à charge des communes. Une aubaine pour les maires de trouver de si gentils animateurs aussi désintéressés.

Les 16 gros cochons en béton de l’an passé se sont réincarnés en 500 petits cochons en papier mâché, que 2.000 bambins, appelés « artistes en herbe », barbouilleront bientôt de leur lisier précoce.

« Un jury se réunira en juin pour désigner les artistes en herbe lauréats qui remporteront une sortie au musée des beaux-arts. Les œuvres seront ensuite exposées lors de la journée portes ouvertes régionale « Tous à La ferme » du dimanche 26 juin 2016 ».

Au musée des beaux-arts (sans doute Rennes ?), ils pourront regarder quelques toiles cochonnes et, qui sait, imaginer des porcs s’égayant en toute liberté.

Exit les restos du cœur : la vente aux enchères se fera cette fois au profit des P’tits doudous de l’hôpital sud de Rennes. Les enfants leucémiques, suite en particulier aux épandages de pesticides, sauront remercier de leurs gros bisous les organisateurs du comité régional porcin. Très touchant !

De quoi faire oublier les 22.000 exploitations agricoles au bord de la faillite et sans cesse réanimées par des « plans de compétitivité » ? Le dernier plan (PCAE), d’un montant de 1,2 milliards d’euros, nous promet 250.000 porcs de plus cette année… et pas en papier maché.

JK