195 - UN CLOWN EN TAULE

Ça ne rigole plus ! Accusé d’avoir lancé des pierres à deux policiers, ce qu’il nie vigoureusement, le clown Charlie a été condamné en novembre dernier à six mois de prison dont quatre avec sursis. Il a été rejugé ce mercredi 1er avril à la Cour d’appel de Toulouse, qui a confirmé sa condamnation ferme.

Loufoques, insolents et non-violents, les clowns activistes deviennent des cibles pour les forces de... l’ordre (ou du désordre, selon certains clowns).

Le 1er novembre 2014 à Toulouse, Charlie (pseudonyme), clown activiste, se joint avec des amis de la Brigade activiste des clowns (BAC) à une manifestation en hommage à Rémi Fraisse, décédé le 26 octobre au Testet. Ils tentent de désamorcer les tensions par l’humour. « Nous disons aux gendarmes mobiles placés en ligne de ne pas s’inquiéter, nous imitons leurs postures. Faire le clown devant les gendarmes mobiles, ça calme beaucoup de monde, explique-t-il. A un moment, une fleur est lancée en direction de les policiers. Je la leur tends, mais aucun d’eux n’en veut. »charlie clown

La manœuvre clownesque est classique. Dans les manifestations, les clowns « jouent un rôle de tampon, lorsqu’ils se placent entre les cordons de police et les manifestants. Dans ces no man’s land, normalement interdits, il est assez remarquable de voir que les clowns, parce qu’ils ont un nez rouge, sont souvent tolérés par les policiers, moins indulgents par rapport aux manifestants. Les clowns, tout en se moquant des forces de l’ordre, parviennent à faire baisser les tensions et à endiguer souvent l’escalade de la violence », explique l’altermondialiste Amaury Ghijselings dans une interview sur l’artivisme.

Mais quelques instants plus tard, place Wilson, la situation se dégrade. « Ça pète de partout. Des zonards balancent des trucs et insultent les policiers. Des lacrymogènes tapent sur les façades des immeubles. C’est une scène très oppressante, se souvient Charlie. Des gens se mettent à courir, je ne comprends pas pourquoi. Je vois des gars en sweater avec des casques, des boucliers et des matraques. Comme je n’ai rien fait, je ne prends pas mes jambes à mon cou. Quand je me retourne, ils sont déjà sur moi. (...) Ils me mettent les menottes et m’embarquent jusqu’au camion. »

Accusé d’avoir lancé des pierres à deux policiers, Charlie est placé en garde à vue. « Je suis entendu à plusieurs reprises dont une fois en confrontation, sans mon avocate. Je dis toujours que je n’ai rien fait, mais les policiers déclarent que je mens. » Jugé en comparution immédiate le 3 novembre, il est condamné à six mois de prison dont quatre avec sursis et à 100 € de dédommagements pour chaque policier, pour « violence avec arme sur personne dépositaire de l’autorité publique », « refus de prélèvement biologique » et « outrage ».

Son avocate, Me Claire Dujardin, n’est pas étonnée par cette condamnation sur la base des seuls témoignages de quatre représentants des forces de l’ordre : « Cela arrive souvent dans des affaires de violences policières, d’outrage et de rébellion. Les policiers jouent sur le fait que leurs procès-verbaux font foi jusqu’à preuve du contraire. Or, en comparution immédiate, la personne accusée n’a pas le temps de se défendre et d’apporter des éléments contraires. On est sur des dossiers complètement à charge. »

Cette peine est à replacer dans un contexte de tension maximale, après le drame de Sivens. « De nombreux médias étaient présents, des policiers étaient campés devant le Palais de Justice. Il fallait condamner des personnes pour montrer qu’on ne pouvait tolérer un trouble à l’ordre public en plein centre-ville. »

Emilie Massemin pour Reporterre

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 COMMENTAIRES

-C'est exactement ce que j'ai fais durant 40 ans de manifs. À Plogoff, en 1980, je suis même allé au plus près. L'époque était peut-être plus tolérante ? Les clowns faisaient moins peur ? Les flics plus humains ? Les clowns plus rigolos ? Les juges moins cons ?

30 ans après Plogoff, un des gardes mobiles affectés à la garde de la fameuse "mairie annexe" est venu me trouver (c'était au festival du livre de Carhaix) pour me raconter la suite. Le lendemain de mon intervention à Plogoff, humiliés d'avoir été ainsi imités par le clown, ils ont refusé de partir au boulot (ils étaient casernés dans l'ancien séminaire de Pont Croix). La préfecteure a dû faire appel à des CRS pour les remplacer. JK

cf http://www.jeankergrist.com/index.php/qui-suis-je

-Une petite réaction mon tonton à ta clownerie terminée en eau de boudin ! Imagine, des rangs de clowns déguisés en flics ! ... et des cars entiers de CRS en dépression ! ça serait pas sérieux, faut de la délicatesse avec les bleux ! Il a bien mérité ses deux mois fermes, deux mois mous ça aurait fait laxiste.  Iso