Locarn, joli bourg de Bretagne intérieure. L'église abrite le reliquaire de Saint Hernin. Village symbolique, depuis que s'y est construit un Institut regroupant tous les pontes ultra libéraux de l’agrobiz breton. Suffit de taper Locarn sur le moteur de recherche de ce site pour voir apparaître pas loin d'une vingtaine de références très « particulières ». On peut même y visionner une photo (volontairement floutée) de cadres d'entreprises, rémunérés par l’ANPE Carhaix, s’entraînant au corps à corps, en tenues paras, à la "gestion du personnel en milieu hostile."
Mais Locarn c’est aussi la Maison du patrimoine, autour de l'association Cicindèle, dédiée à la préservation de la nature et de l'histoire, et surtout des landes, désormais protégées, s’étendant à perte de vue autour des gorges du Korong. (cf landes-de-locarn)
Ces landes bretonnes sont, dieu (ou hasard) merci, encore multiples. À commencer, juste à côté, par celles du Cragou, au sommet des Monts d’Arrée. Affrontées a bien des menaces, elles ont presque réussi à échapper à leurs prédateurs (Tilly Sabco voulaient, il y a peu, y épandre ses déjections d'abattoir).
Elles méritaient que quelqu’un conte enfin leur histoire. C’est fait ! François de Beaulieu, certainement le meilleur connaisseur de la nature en Bretagne (cf son précédent Dictionnaire de la nature ) s’y est attelé avec persévérance.
À l’arrivée, un superbe ouvrage, publié par Skol Vreiz, "Mémoires des landes de Bretagne", grâce auquel vous saurez tout des landes, de l’écobuage à l’étrépage ou au mottoyage, des azurés aux asphodèles. Bain de jouvence dans un milieu aujourd’hui presque oublié, qui porte notre propre mémoire, en friche ou saturée d’Internet.
Les peintures et dessins naïfs de Lucien Pouëdras ajoutent à ce voyage la poésie du retour aux sources, une époque où humains, animaux et plantes vivaient en bonne compagnie. Paradis perdu ? Espace se conjuguant au futur simple ? Aux antipodes de l'Institut en tout cas.
JK