199 - DÉZIRÉ

maquignonsLa Bretagne possède un réseau de 31 musées dont plusieurs musées « nationaux » (Brest, Quimper, Le Faouët, Morlaix, Rennes…). Plutôt que de parler, même pour s’en offusquer, des cochonneries artistiques de mauvais goût, genre pig-parade (articles 190 et 194) on peut aussi faire le choix, après le Vrai (article 170 ), d’exalter de temps en temps le Beau. Le refus finit par être destructeur. L’approche culturelle ne peut se faire que dans l’adhésion. La santé mentale est à ce prix.

L’occasion unique se présente avec l’expo temporaire accrochée depuis le début du mois d’avril au Faouët. Un peintre génial, mais peu connu : Henry Déziré, né à Libourne en 1878, mort à paris en 1965. La grande salle du Faouët lui est entièrement consacrée.

On est saisi de vertige devant la palette étendue de son registre pictural. On passe du réalisme contrasté à la Mathurin Méheut - dont le musée expose d’ailleurs deux toiles acquises récemment - (cf ci-dessus « Les maquignons », une toile peinte par Déziré lors un de ses séjours au Faouët entre 1918 et 1921)… à la recherche de lumière à la Turner, comme sur cette toile intitulée « Venise », peinte en 1937 lors d’un séjour dans la cite des Doges, du style de celle reproduite ci-dessous. venise

 

 

Les formes, grouillantes de vie, se dissolvent à l’arrière-plan dans la lumière. Nos vies sont comme aspirées par une force qui les dépasse. Rencontre sur la montagne avec un dieu caché, sorte de plénitude blanche, éblouissant le regard, génératrice de la couleur, avant que le prisme du quotidien ne la disperse en touches colorées. But ultime ou origine de l’art ?

 

La silhouette pesante de Déziré, peint par Louis Charlot en 1910, barbu en chapeau et lourde cape -une toile qui se trouve aussi au musée- fait écho à celle de Turner – on pense aussitôt à Timothy Spall dans le superbe film de Mike Leigh !- , lui aussi infatigable voyageur, à la recherche, à la fois douloureuse et joyeuse, de la lumière, c’est-à-dire du dépassement de lui-même.

Un seul regret : l’expo ne dure que jusqu’au 7 juin.

Cours-y vite !

JK