Depuis quelque temps ce blog n’avait pas donné dans le catastrophisme. À croire que la planète suivait mollement son cours, coté en bourse. Avec ses hauts et ses bas… qu’elle enlevait parfois pour se faire aguichante. Suffit de faire un peu l’autruche pour se trouver encore des petits coins à l’abri des fureurs du monde. Depuis qu’en Occident la "loi du marché" a remplacé la démocratie et qu’ailleurs les écervelés intégristes passent les mécréants à la kalachnikov, les trous perdus se font rares. Pesticides à gogo, urbanisation galopante, agriculture industrielle avec ses corollaires, érosion des sols, pollution des eau, réchauffement climatique, menace nucléaire civile et militaire, marchands d’armes, surpêche, disparition des abeilles… mieux vaut, pour vivre peinard en écoutant son Mozart devant une bon millésime bordelais bio, se fermer les yeux, se boucher le nez avec un casque sur les oreilles.
Manque de bol, parfois on choisit mal ses bouquins. Au lieu de prendre un Flaubert on tombe sur « La biodiversité de crise en crise » (Albin Michel, 22€), écrit par 2 scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle (Patrick de Wever et Bruno David).
Ces pince-sans-rire vous rassure un max : la planète n’en est pas à ses premières crises. Des extinctions de masse, la terre en a déjà connues. Au moins cinq, dont celle des dinosaures, dont il ne subsiste aujourd’hui que les oiseaux. Pourtant, celle qui marqua la fin de l’ère primaire, par exemple, bien plus méconnue, fut largement plus catastrophique puisque 95% de la faune marine a disparu.
Aujourd’hui la grande affaire c’est la disparition de la biodiversité : « la vitesse à laquelle nous nous engageons dans ce voyage destructeur risque de nous faire parvenir à l’apocalypse plus rapidement que ce qu’aucune crise du passé a produit depuis 550 millions d’années… », c’est à dire depuis l’apparition de la vie. L’homme n’étant là que depuis la bagatelle de 6 petits millions d’années.
À la vitesse à laquelle cette catastrophe globale est programmée (merci la loi du marché), on n’en aurait plus que pour 300 ans environ avant que tout ne nous pète à la gueule.
Mais rassurez-vous : dans l’affaire, l’existence humaine n’est qu’une petite verrue, due davantage au hasard qu’à la nécessité. La biodiversité s’en remet toujours. Surtout si son principal prédateur, celui sur qui a poussé un cerveau, n’est plus là pour emmerder les autres espèces. La terre a encore de beaux jours devant elle, même si ce gros con d’homme n’y traînera plus ses grolles pour l’exploiter à coup de "loi du marché".
300 ans, juste l’affaire de 6 ou 7 générations ! Un peu de patience les libellules !
JK