221 - NOM DE CODE OREX (1)

1 eolienoffshore Engoncé dans son ciré jaune, Charly pêchait à la traîne au large de la baie de Saint-Brieuc. Sa cigarette lui réchauffait deux doigts. La lune était pâlotte, à côté des éclairs rouges furieux des éoliennes EDF qui transformaient la mer en tissu synthétique. Heureusement cette nuit, un vent de terre réduisait le bruit des pales. Soudain, l'île flottante apparut, immense et sombre. Pas une lumière. Trois cents mètres. La belle bête, pensa Charly, pas étonnant que la mer monte. Il saisit le col de son pull marin. Ici papa tango Charly, la morue est sous l'évier. Je répète, la morue est sous l'évier ...

A loin Quai du Légué, silencieux, les camions électriques Synutra s'activaient tous feux éteints. Charly décrocha trois faillis maquereaux qui se moquaient bien de la ligne Asie-Europe. De loin, il distingua les conteneurs Hénaff, venus remplir leur panse de jolies boîtes bleu métal avec une tête de cochon et de brochettes de porc laqué Lagadou made in breizh. Décidément, la transition de Ségolène et Stéphane Le Foll avait pris des tournures inattendues. Ici, tous les quartiers de l'agglo avaient reçu les Brigades du Diagnostic Thermique. Elles vérifiaient les travaux obligatoires et collaient sur les portes des plus pauvres, l'étoile rouge de la délinquance énergétique. Dans toute la ville, les panneaux Decaux 4/4 affichaient le slogan de la loi Royale: "Vivez heureux bien isolés", pendant que Saint-Gonain, plus gros fournisseur mondial de laine de verre, délocalisait ses fabriques d'isolants low cost en Chine. La grosse industrie avait bien organié son plan furax de rénovation standard interdisant poêles à bois et cheminées. L'Etat français voulait vendre son électricité. Car, vite il fallait remplir les caisses du pacte de stabilité.

Mais pendant que fébrile, l'Etat infantile attendait sa bonne note, les Bretons réagissaient. Les jeunes mamans en tête. Déjà, tous les bébés bretons tétaient le sein de leur mère. Les maternités croulaient sous les échantillons de lait Premium périmé. Fini la poudre, la purée Mousseline, le Royco Minut'csoup, les oeufs liquides, les yaourts industriels et les diagnostics thermiques bidon. Fini aussi les poêles à granulés Glon. La résistance avait pris consitance et irriguait, toutes générations confondues.

Charly étala ses rillettes de poisson maison sur une belle tranche de pain bio de chez Manu, quand soudain, il demeura bouche bée !

Iso (à suivre)