À trente mètres, dans la noirceur calme, glissait sur l'encre, une suite de voiliers toutes voiles affalées. Pas un bruit ne les trahissait. Charly aux aguets saisit ses jumelles nocturnes, mais je rêve ! Ici papa tango Charly y a une arête dans l'maquereau. Je répète, y a une arête. L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il s'écroula. Jean-Claude n'y avait pas été de main morte, faut dire qu'il tenait bien son rôle. Il avait frappé fort, il attacha les mains de Charly derrière son dos et le baillonna aussi sec. Pierrot c'est bon, ya plus de danger allez-y dit JC d'une voix étouffée.. Ben mon cochon, dit JC en attaquant la belle tartine de rillettes posée là, si je m'attendais à un casse croûte pareil ! Saisissant les jumelles, il vit les barques en rang se coller au porte-conteneurs. JC distingua le manège des ombres chinoises.
A bord, Marcel et Roger réceptionnaient la marchandise. Les nouveauxmissionnaires laïques, syndicalistes, écologistes, féministes, artisans, hommes et femmes de tout âge, deux ans de chinois intensif derrière eux, s'embarquaient en loucedé à bord du XZH 25753 le seul conteneur équipé de toilettes sèches. De toute façon, le prix des billets d'avions étaient prohibitifs. La Bretagne, vendue à bas prix s'était transformée en usine à lait mondiale. Les nouveaux châteaux du XXI ème siècle érigeaient leurs tours phalliques, qui poussaient à la vitesse du maïs OGM, transformant le territoire en oligopôle de Synutraal symbole de la " coopération " un mot qui n'avait plus aucun sens. Les passagers clandestins faisaient partie des 33% d'individus qui avaient refusé d'être pucés RFID par les poissonneurs. Ils avaient ététraités de lâches, de dangereux rétrogrades, voire d'analphabets, comme autrefois ceux qui avaient voté NON au Traité Européen, mais ils s'en moquaient bien. Leur punition consistait à ne plus pouvoir emprunter les autoroutes, salles de cinéma, palais des congrès, plateaux TV, Mondiodisney, cliniques privées, centres commerciaux, universités du progrès ... Impossible pour eux d'être embauchés dans la grande usine à lait où les travailleurs en bonnets blancs, grâce à leur puce sous-cutanée, activaient toutes les portes en passant la main devant et déverrouillaient leur ordinateur en même temps.
Il est des moments dans l'histoire se disaient nos résistants, où l'important est de ne pas participer. Il se savaient exclus du grand système mais en tirait une petite fierté, car le prix de leur liberté tenait à une puce de la taille d'un grain de riz qu'ils n'auraient jamais sous la peau. Charly dans le pâté ouvrit un oeil. Aïe.
Iso (à suivre)