Avec la rentrée, les foires font salon à foison. Les bouteilles de pinard se baladent à poil dans les supermarchés, offrant leurs étiquettes aguichantes aux gosiers desséchés par le réchauffement climatique. Gros complément alimentaire ce dernier WE en 22 : 2 grandes foires : Saint-Brieuc et Mur-de-Bretagne. Une foire commerciale et une foire bio.
À Saint-Brieuc c’est conjugué sur le thème de New-York. Non pas pour célébrer le déclin de l’empire américain ou le septembre des deux tours en feu, mais pour magnifier son gigantisme, ses froufrous, sa statue de la liberté et autres vices et gadgets. Expos de camping cars pour retraités friqués, salles de bains bouillonnantes, meubles mastocs, barbes à papa et frites merguez à tout va. Entrée 4 €.
À Mur-de-Bretagne, entrée au même tarif, sauf que les frites et merguez sont bio. Voilà qui devrait réjouir le cœur de l’écolo. Le traître ! Il va oser débiner les copains.
Pensez donc : 709 exposants. Tous ont un truc à vendre. Pour sauver l’humanité en général et l’acheteur en particulier : l’encens, les cuillères en bois, le safran, le lin, la literie en coton, la balle de millet, la bouillotte aux noyaux de cerises, le chanvre, le purificateur d’eau à osmose inversée, le mohair, la réflexologie plantaire, la spiruline, le curcuma, le savon fait à froid, les huiles de Madagascar, l’huile de figue de barbarie, le dynamiseur d’eau à vortex, la protection lavable intime, le lait de chèvre alpine, le beurre de karité, le maca sauvage, le black maori, l’ortie, le magnésium marin, le végétarisme, la grelinette, le lombricomposteur, les bijoux en papier…
Comme t’es pas venu avec un billet de 1.000 € dans la poche et qu’au bout d’un moment tous ces sauveurs sympas qui ne jurent que par leur truc génial te foutent le tournis, qu’est-ce que tu fais ? Tu te rabats sur les valeurs sûres : au stand pinard tu dégustes à l’œil un Château des Jésuites. Et tu rentres tête pleine et sac vide.
Pour me remettre les idées au clair, je vais aller, ce lundi, faire un tour à la foire traditionnelle aux chevaux de Bulat-Pestivien. Il est temps que le cheval, la plus noble conquête de l'homme, prenne sa part au salut de l'humanité, pour l'instant assez mal barré.
JK