244 - LES RICHES ÇA COÛTE

Ce week-end, je participais à un festival de conférences gesticulées OCTOBRE BOUGE, organisé par une journaliste, une fille aux cheveux rouges, à Paris Malakoff chez les Malakoffiots et Koffiotes, à côté de Vanves dans le 92 ! Une espèce de bulle de résistance aux normes qui me fit monter en altitude, au point que je n'en suis pas encore redescendue. A Malakoff, les citoyens sont en pleine santé et la pensée critique ne circule pas sous le manteau, elle s'affiche même sous les préaux des écoles et jusque dans les salles des fêtes. C'est génial. Quelle belle énergie dans le neuf deux. 

Cependant, Malakoff comme partout ailleurs, reflète aussi la grande fabrique d'appauvris dans laquelle nous sommes de plus en plus nombreux aujourd'hui. Là-bas, c'est comme chez nous en Bretagne, on s'appauvrit, on s'appauvrit, doucement mais sûrement. Ceci dit, c'est très sympa, une banlieue rouge, riche de son histoire, de sa classe ouvrière et de son parti. Riche de sa place de la Mairie où les jeunes enfants jouent sous les yeux attendris de leurs parents. Riche de son tissu associatif impressionnant. Une banlieue riche de ses petits pavillons d'antan. Riche de ses rues piétonnières. De sa vélorution. Riche de ses vieux arbres, ses parcs publics, ses impasses encore pavées où les toutous promènent leurs maîtres.Pauvre 01

 Au Conseil Départemental, le Président c'est DEVEDJIAN qui est aussi député et puis, il y a un certain Jean Sarkozy aussi, qui avait tenu le volant chauffant au Conseil Général des Hauts de Seine, dans le canton de Neuilly. Le prince Jean ayant terminé son mandat en mars 2015. Travaillerait désormais dans les bureaux de papa, dans son prestigieux cabinet d'avocats d'affaires enfin ... il passerait de temps en temps ... pour faire entendre qu'il travaille là ! D'après la standardiste !

... Jusqu'ici ça n'allait pas trop mal dans les Conseils, les pauvres avaient l'air plutôt contents et leurs généraux trouvaient cela plutôt épatant. Ils ne réclament rien nos pauvres. Ils s'organisent entre-eux. Ils se tiennent correctement. Les pauvres, pensaient jusqu'ici les généraux, nous les aimons bien, ils ne sont pas regardants. Ils font ce qu'ils ont à faire, sans exigences particulières, vu qu'ils nous sont reconnaissants de pouvoir travailler en contrats précaires. De faire des stages gratuitement dans l'ESS. De travailler à temps partiels, mais jamais tout le monde en même temps. Ils ne demandent rien, vu qu'ils sont aussi au chômage, au RSA, au CUI au CAE en CIE en IAE et en contrats d'avenir ou bien en CDD dans le développement durable. Ils font avec ce qu'ils ont. Ils ne demandent rien, vu qu'ils bossent dans des associations à essayer de ne pas couler, avec une subvention de 300 euros à l'année. Trois cents euros c'est bien suffisant, il faut y aller doucement avec l'argent public, les dépenses faut faire attention ! Mon général est trop bon, la bonté de mon général perdra mon général devaient penser leurs pauvres, se disaient naturellement le Président et le Prince Jean. Ils ne demandent rien, vu qu'ils travaillent au black pour pouvoir manger un petit peu. Ils ne demandent rien, vu qu'ils s'auto entreprennent et s'auto exploitent et s'auto instrumentalisent pour payer au moins leur loyer et leur petit paquet de café. Ah, comme ils sont faciles et si économiques, nos pauvres ! 

 Mais les temps changent, c'est inquiétant.  Le prix du m² à Paris crevant tous les planchers en passant par tous les étages, de la cave aux firmaments, voilà les bobos qui rappliquent dans les banlieues qu'on disait jusqu'ici populaires. Les bobos, sont les riches immigrés des banlieux rouges maintenant. Et le problème avec les immigrés, c'est quand ils sont riches, justement ! Voilà que les bobos connaissent leurs droits et demandent de les faire appliquer. Ah ben merde, se dit mon général ... Avec les riches c'est pas la même chose, ils ont des exigences, eux ! Et ils réclament des crèches et puis des équipements. Et puis, ils revendiquent le droit d'être bien traités, entendus, écoutés et pris au sérieux, parce qu'ils le valent bien, eux ! Sans quoi, ils brandissent leurs références et pire, c'est qu'ils paient des impôts ces cons là !  Mince alors, les immigrés riches commencent à gonfler les conseils avec leurs réclamations et tout ça ... ! Manquerait plus qu'ils veuillent se faire élire. Pour un prince, ou pour un président, on peut comprendre que cela soit très irritant. On pourrait même imaginer qu'ils en sont à se demander si les riches ne coûteraient pas plus cher que les pauvres finalement.

ISO