246 - DÉ AIR HACHE

À poil le DRH !

            Tout d'abord, et bien que ceci n'ait rien à voir avec cela, je tiens à remercier tous les nombreux et breuses dentistes et tistes qui ont répondu en masse à mon appel au secours de la semaine dernière. Bref rappel à destination de celles et ceux qui n'auraient pas suivi, c'était à propos de la rénovation de mon râtelier. C'est intéressant pour les statistiques de ce blog de savoir que ce noble corps de métier, injustement décrié, est largement représenté parmi les lecteurs fidèles. J'ai finalement retenu l'offre d'un praticien nord-coréen qui a refait les ratiches de Kim-Jung-Un.

kim

Eh oui, même là-bas, oncle JK est connu comme le loup blanc à nez rouge ! Je lui ai juste fait promettre (au dentiste) de ne pas me présenter le coiffeur de ce sympathique dirigeant à l'éclatant sourire. Une super promo d'enfer à l'occasion du 70ème anniversaire de la naissance de la dynastie Kim. Même avec le billet d'avion, le quatre étoiles en pension complète pendant une semaine et les visites organisées des centres de rééducation fonctionnelle, l'implant dentaire revient trois fois moins cher ! Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte... Bien, je clos la parenthèse.

            J'en reviens au titre. Adonc, le Directeur des Ressources Humaines de chez Air-France, un gars grassement salarié qui est chargé de virer ses collègues pour faire plaisir aux actionnaires, s'est retrouvé en fâcheuse posture, sa chemise de marque toute lacérée, alors que ce début de mois d'octobre est plutôt frisquet, il a même neigé dans les Ardennes, c'est vous dire. Il a bien failli choper la mort et le procureur qui a inculpé les salariés taquins de « violences aggravées » ne s'y est pas trompé. Ce n'est pas que de la solidarité de caste entre nantis, c'est aussi et surtout une triste réalité climatique avec le risque de prendre un mauvais coup de froid, même s'il faut bien admettre que la liquette lacérée vous donne un look sexy qui déchire...

dechire

            Des mauvaises langues évoquent une sanction disproportionnée et une arrestation humiliante à l'encontre de ces prolétaires espiègles. Mais là, je m'insurge ! Il faut bien faire la différence entre la soi-disant violence institutionnelle (laissez-moi rire...) des cadres sups en cravate, qui sont généralement des personnes éduquées, pleins de courtoisie, polis, lissés et policés et la violence primitive et barbare de syndicalistes mal dégrossis et vulgaires, probablement avinés, voire anisés. D'ailleurs, si les dirigeants des grandes sociétés du CAC 40 se déplacent avec des gardes du corps, c'est bien qu'ils craignent pour leur sécurité ! Ce besoin de protection est légitime et parfaitement justifié, comme l'a tristement prouvé cette inqualifiable agression, assumée par des brutes rétrogrades qui s'accrochent à leur emploi et à leurs privilèges d'un autre âge comme des morpions à un pubis mal épilé.

« Le temps du salariat est révolu », clament les politiciens visionnaires de « Les Républicains » et les socialistes avant-gardistes macroniens. La tendance est à la précarité : le contrat de mission. Hop, tu signes là, t'as trois mois pour faire ce job. Si c'est bien fait, peut-être que tu auras un autre contrat derrière, mais sinon...

            Finie l'arrogance du délégué syndical bolchévique ! Enterrées, les sempiternelles revendications d'un autre âge pour exiger des avantages sociaux obsolètes et coûteux. Profil bas ! Tu bosses et tu fermes ta gueule. Le véritable progrès social est là ! Plus besoin de délocaliser en Chine ou ailleurs, la France redeviendra un pays d'esclaves dociles et productifs.

            Je termine par la citation d'un véritable homme de gauche, qui est mort, comme tous les véritables hommes de gauche (citez-moi le nom d'un seul qui soit vivant !). c'était il y a 109 ans, mais ça n 'a pas pris une ride...

« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale.

[...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »

Jean Jaurès, discours devant la Chambre des députés, séance du 19 juin 1906.

Au revoir les coquins, et à bientôt.

Knoppy