247 - LES PAUVRES ÇA RAPPORTAIT

Pas de doute dans notre beau pays on finira tous à poil dans pas longtemps. 

Même ceux qui travailleront, s'il en reste, ils n'auront plus de quoi se payer ni une chemise, ni un loyer, ni un dentier, ni un implant, sauf s'ils décident de jouer les immigrés pour se faire soigner en dictature où, d'après les larges sourires affichés, tout le monde à l'air vraiment content, en Tunisie labellisée démocratique ou en Corée. Mais pour partir en dictature se faire soigner, faut prendre l'avion. Pour prendre l'avion il faut des sous. Pour se soigner il faut du blé. Pour faire décoller les avions faut du personnel. Bref, pour tout ça, faut du boulot.

a poil

Avant, le travail c'était la santé, la liberté, la réussite, la richesse du pays, la fierté et même l'émancipation des femmes qu'on leur disait tellement qu'elles l'ont cru, même les mères de famille qui faisaient les 3/8 !... Le problème, quand il n'est plus coté en bourse le travail, il vaut plus rien. Et curieusement, toutes ses qualités d'avant commencent à ternir. Le travail, quand on le regarde par des prismes différents, il perd toutes ses qualités d'avant finalement.

A l'allure où le grand patronat dégomme les emplois, à l'allure où il jette les travailleurs par la porte ou par la fenêtre, on se demande qui acceptera encore de bosser demain. Etre viré comme un moins que rien certains en meurent, 14000 à l'année. Le risque, c'est qu'un jour, tout le monde se mette à fuir le travail comme la peste, comme le diable ! Au secours je ne veux plus y aller ! Je ne m'en remettrai pas. Sauve qui peut. J'en veux plus ! Mais si personne ne travaille plus, personne ne paiera plus ses traites, ses loyers, sa bagnole, ses impôts ... Imaginez la gueule du capitalisme, des banques, de la Cour des comptes, des caisses de l'Etat. Faut pas rêver ! Si au bout de deux licenciements atroces, les gens sont cassés physiquement, moralement, par la pression, l'oppression, l'injustice, la folie, l'absurdité ... Ils ne pourront plus bosser. On les mettra dans la case des Fracassés ! Avant, les pauvres travailleurs ça rapportait, mais si ça ne paie plus, elle aura bonne mine l'industrie, et la grande distribution quand auront disparus les demandeurs d'emplois ... Ils auront bonne mine les transports aériens, sans personnel. Alors je me disais, ils vont vivre de quoi les gens des directions sans personne à diriger? Sans salaire, plus personne ne prendra plus l'avion. Et puis c'est qui qui va les licencier les DRH ?

Si la norme c'est : des licenciements par paquets de deux milles, ce sera bientôt à leur tour de sauter ! Faudrait leur dire, non ?

En tout cas, en Europe on n'appelle pas ça récession, on dit croissance négative. Mais au fait, comment on les appellera demain les personnes sans rien qui vivront dans la rue malgré les 77 000 logements vides en Europe ? Et les chômeurs, quand on sera tous sans emplois on les appellera comment ? Alors, heu, on ne dit plus pauvre, on dit personne en difficultés, on ne dit plus infirme, on dit personne à mobilité réduite, on ne dit plus aveugle, on dit mal voyant, on ne dit plus sourd, on dit mal entendant, on ne dit pas un roi nu, on dit un DRH agressé sauvagement. On ne dit plus en échec scolaire, on dit en réussite différée. On ne dit plus un employé en colère, on dit un dangereux voyou. On ne dira plus un demandeur d'emploi édenté, on dira un être inoffensif et inopérant ? Ou encore un ex DRH ou un ex membre d'une ex direction qui n'aura pas su se reconvertir, on dira un mal redirigé ?

 J'attends avec impatience, les prochaines manifs, on pourrait y voir flotter à la place des drapeaux des corps constitués, des jolies chemises avec des cravates ! Avant c'était le symbole de la réussite sociale, mais plus maintenant.

Ah mais c'est vrai, on ne dit plus réussite sociale, on dit égalité des chances pour tous.

En tout cas, celui qui serait pas fou, il se lancerait dans une entreprise de polos chics ... il ferait des affaires ! A mon avis tous les responsables des ressources humaines sont déjà en train de changer leur garde robe.

Iso