25 - Apocalypse now

    Maître Knopp s’est absenté quelques jours. Il coupe du bois avec les elfes dans la forêt à la scie à main. À l’heure qu’il fait il doit manger son bol de riz complet dans une hutte de charbonnier. Le moment d’en profiter pour tenter d’en placer une sans prendre trop de risque. Les gens qui vivent de peu sont encore plus irascibles que ceux qui vivent de beaucoup. Faut pas trop les contredire. Sinon ils te confiturent de sarcasmes. Quand il reviendra dans 8 jours, si personne ne me dénonce, il n’ira pas lire ce que j’ai écrit dans son dos et on restera très copains.

    Son catastrophisme me turlupine. Un peu comme tous les grands fléaux en isme. Capitalisme, communisme, nationalisme, séisme, égotisme, rhumatisme… Il faudrait un hangar immense pour ranger tous ces mots pervers, tellement ils prennent de place dans nos emmerdes en nous collant au ciboulot.
Certes l’époque vire au roman noir mais c’est pas une raison pour abandonner le b a ba de la méthode. Penser c’est séparer pour mieux comprendre, sinon les concepts virent à la bouillie d’avoine. Flatteuse au goût mais terriblement indigeste. Essayons de trier les patates sinon les pourries vont contaminer les bonnes et l’œuvre civilisatrice d’Aristote et de Descartes se prendre une branlée.

   Faisons clair : il y a les catastrophes naturelles et celles liées aux activités humaines. Faudrait donc pas mélanger les genres, mon Knopp. Quand un gros morceau de météorite s’écrase sur la planète écrabouillant mammouths et diplodocus, l’homme n’y est pour rien, puisqu’il n’est même pas encore né. Ce qui prouve qu’il n’est pas la cause de tout ce qui va mal sur la terre. Quand une éruption solaire vient perturber nos ondes d’ici-bas -l’exemple que tu nous donnes-, même Poutine ou Pol Pot peuvent dire « c’est pas moi m’sieur !», tellement ils sont innocents.

   Évidemment, où ça se complique c’est avec le contre-exemple de Fukushima : un séisme professionnel particulièrement vicieux se transformant en tsunami puis en catastrophe nucléaire. La nature et l’homme conjuguant leurs maléfices. Exprès pour brouiller les cartes du philosophe. Comme aussi à Pompéi, exemple même de la bêtise humaine : quelle idée de construire sa maison au pied d’un volcan !

    Mais, en général, pour que l’apocalypse nous tombe sur le râble, pas besoin de prédateurs ni de profiteurs. De gueux ou de nantis. La nature sait faire toute seule sans la Nasa. Les vertueux écolos fauchés luttent au nom des générations futures. Les méchants néocapitalistes prédateurs aussi, hélas ! Chacun essaie de léguer son beau magot à sa descendance. Et paf ! Voilà que s’amène la grosse méga catastrophe naturelle. Tout le monde enfin sur un pied d’égalité. L’héritage noyé dans la coulée de lave, la vague de 32 mètres ou le tremblement de terre.  Plutôt encourageant comme scénario ! Non ? Même Marx n’y avait pas pensé.

    Que faire en attendant le grand soir ? Anticiper, rigoler, turluter, lire, voyager, écrire, jouir, peindre, chanter, danser, couper du bois avec Knoppy. Les hédonistes, aussi parfois appelés épicuriens, auront toujours un temps d’avance sur les constipés du bulbe. On sait, par exemple que plusieurs des peintures de Turner (ci-dessous) doivent leur mystérieuse lumière voilée aux séquelles de l’irruption du Tambora en 1815. La catastrophe c’est du tout bon pour les artistes. Et après nous le déluge ! Levez-vous orages désirés ! Pot général de fin de tournage!
    J’espère quand même que mon Knoppy ne va pas se prendre un arbre sur la tronche.

JK
didon
Didon construisant Carthage (Turner).


LE COMMENTAIRE de maître Knopp 
 (J'ai été dénoncé) 30/03/14

-Oh ben mon Tonton, j'a reviendu de la forêt profonde, là ousque y'a pas d'internet.
Catastrophisme ? Meuh voyons pas du tout !
D'ailleurs, c'est qui qu'a trouvé les images choc d'explosions planétaires et de raz de marée géants pour illustrer les artics ?
Non-non-non !
Moi, je suis seulement pour l'apocalypse au sens grec originel, c'est à dire, la mise à nu !
"Tous à poil" si tu préfères, comme Jean-François Copé dans la piscine de son poteau Ziad Takieddine.
Quand on est débarrassés des artifices et des faux-semblants, quand Séguéla aura perdu sa Rolex, quand il ne restera plus que l'essentiel.
La voilà, mon apocalypse !
GK