11 - Une Introduction

1/03/2014 avec commentaire au 2/03/2014

Il ne chasse, ni pêche, ni ne joue au foot. Ce sont ses premiers handicaps. Il écrit, fume et dessine, cela peut devenir un atout. À condition de trouver un brave éditeur pour l’aider à confirmer ses talents. Février sur Internet c’est le moment des transferts. Les éditeurs s’échangent à prix d’or leurs joueurs. Ma nouvelle recrue, j’en suis fier. Un revêche qui vous fout le feu aux tribunes. J’ai nommé Maître Knopp, dit Knoppo, Knoppy ou Pok. Je lui laisse les clefs de la maison. S’il vous emmerde trop, appelez-moi : j’ai gardé un double et reviendrai lui tirer les oreilles. JK

En ces ingrates contrées du Kreiz Breizh, chaque jour un peu plus dévastées par les méfaits de l'agriculture productiviste, s'il est une chose qui fonctionne parfaitement, c'est le téléphone arabe.knopp
À peine Jean Kergrist eut-il appris ma disponibilité en tant que rédacteur de chroniques crétines et extrémistes qu'il m'offrit un pont d'or pour que je me joigne à son blog. « Je double tes appointements ! », me fit-il miroiter, dans un élan royal de générosité princière. Certes, je ne suis pas dupe de cette feinte magnanimité, étant donné qu'il savait parfaitement que mon ancien employeur m'avait imposé un mode collaboratif sur la base du volontariat bénévole. C'est donc en toute connaissance de cause que j'ai accepté de travailler maintenant pour deux fois rien au lieu d'une seule...

 Maître Knopp tentant de déstabiliser notre société (photo DCRI)


Mais, me direz-vous, c'est vraiment tomber de Charybde en Scylla ! Quitter un blog concurrent et néanmoins... concurrent, pour être ensuite invité à prosifier dans celui-ci, c'est un peu lâcher la proie pour l'ombre et prendre un gros risque en terme d'audimat et de crédibilité. Sans compter que Jika se traîne une horrible réputation et qu'il n'admet ni ne tolère la moindre contradiction ni même la plus infime amorce de controverse... Certes, il participe à de justes combats, il n'y a qu'à remonter un peu le temps en se baladant sur son blog en scrollant avec la molette de sa souris pour s'en convaincre, mais en mettant partout sa binette en photo ! En fait, ce mec est peut-être un clown, mais il n'a aucun humour ! Je sais de quoi que je cause, c'est moi qui ai rédigé son éloge funèbre, de son vivant !

Quoi qu'il en soit, « Manne mousse gai fer liche les buns » comme disait Nietzsche, que je traduis (pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas, comme moi, une parfaite maîtrise de la langue de Goethe) : « Il faut vivre dangereusement » et donc je prends le risque.

rugby C'est aussi l'avantage de la souplesse du télé-travail. On est tranquillou chez soi, dans un environnement propice et familier, pas loin de ses chats et sans chefaillon sur le dos. Le pied !    

à gauche: Maitre Knopp jouant au rugby 

Comme internet a complètement démocratisé l'accès au public pour les obscurs, les médiocres et les sans grade qui, comme moi, ont un avis essentiel sur n'importe quel sujet et l'érigent en vérité incontournable, comme n'importe-qui s'improvise maintenant critique d'art, littéraire, de cinéma et de théâtre, coach à pipole, leader charismatique ou Messie rédempteur, je vois pas pourquoi je me priverais. Non mais ! Après, sur la forme et le fond des débilités radicales que je vais vous soumettre, on aime ou on n'aime pas, mais comme ce blog n'est pas équipé des plus récentes innovations technologiques en matière de forum pour ses lecteurs, je feindrai d'ignorer vos réactions. Et puis surtout, je m'en balance ! Il vous suffit de savoir que je suis par nature et par essence bête, méchant et imperméable à la pitié. Voilà ! Tenez-vous le pour dit...

Gilles Knopp

 

 

 

UN COMMENTAIRE 2/03/2014

Cher Knoppy -je me permets d’utiliser à ton égard ce diminutif familier, même s’il allonge légèrement ton patronyme-,
Je m’en vas -je sais jamais si cette bête prend un s ou pas, je laisse les académiciens arbitrer- te répondre poing par poing.
Je me réjouis d’une allégresse identique à celle qu’éprouverait une sainte nonne un soir de veillée pascale. Si j’étais un curé et que ma soutane était en bronze, t’entendrais même sûrement sonner l’angélus. Ton entrée dans mon saint monastère qui n'est pas dotée de l’eau courante interactive américaine de WordPress et n’a à t’offrir, pour tes commodités, que des toilettes sèches nettoyées vaille que vaille à la main, me comble.

Accueillir à ma table un végétarien ! Il y a encore peu, j’aurais jugé la chose in con grue, tant mes parents, paysans et bretons -comme le beurre- m’avaient conditionné, enfant, aux délices du charnier, bien rempli à l’automne, condition impérative de survie, avec le tas de patates et les barriques de cidre dans le cellier, sans oublier la petite de 40 litres pour le lambig, sur laquelle j’imagine tu ne cracherais pas, à moins que tu ne sois aussi allergique au cri de la pomme qu’on écrase.
Plus tard mes maîtres aimés d’un collège de curés me baptisèrent au pâté Hénaff lors d’un voyage scolaire à Carnac. C’est dire mon conditionnement précoce à la bidoche -surtout de cochon- et mon penchant naturel que j’aurais à te traiter tout go de sale pédé de végétarien.

masqueMais voilà ! Le conditionnement carnassier n’a pas dû trop me coller à l’âme. Aujourd’hui c’est seulement un peu de viande blanche le dimanche et uniquement pour me mettre dans la peau d’Henri IV. Fabrice Nicolino, son livre « Bidoche » sous le bras, est sans doute passé par là. Il te montre comment les Américains s’y sont pris pour coloniser la planète avec leur grand chaudron à boudin dans lequel le sang des animaux, qu’on élève en batterie, se mêle à celui des paysans, qu’on égorge en famille.
Le Hénaff fils (photo de droite) vice-préside aujourd’hui les destinées de l’Institut du Lieu carné (étymologie approximative de Locarn), c’est dire que les fils de curés et leurs enfants de chœur tenant l'encensoir ont de la suite dans les idées et que les Américains, relayés en Bretagne par le club des Trente de Maître Glon, ne sont pas loin d’avoir gagné les cœurs à leur cause bidochine, qui se confond presque toujours -je m'essaie aux nuances- avec celle des gros bidochons.


Mais, si, pour la bonne cause d’un monde moins sanguinolent, tu me persuades de larguer mon dernier petit plaisir carnassier d’une pintade fermière bio, farcie à la mandarine et aux épices, je te dirai : bravo Knoppy ! T’as gagné contre les américains ! Ils pourront se foutre au cul leur nouveau traité GMT (Grand Marché Transatlantique) sur le commerce, destiné à soumettre bientôt tous les pays européens en parachevant notre esclavage à la bidoche.
Ce sera donnant-donnant : si t’arrête de fumer, j’arrête de bidocher.

J’en viens maintenant au deuxio :  ma « binette partout en photo ». On se connaît depuis peu, mais je vois que, tout feignant de bourguignon que tu es, tu as fourni le louable effort d’aller à la cave compulser attentivement mes archives.
Figure-toi que j’ai affiché la première fois ma binette en public sur la grande scène du palais des papes d’Avignon. C’était en 1967. J’espère que ça t’en bouche un coin. J’entrais en fanfare théâtrale -certes dans un tout petit petit rôle- dans une pièce mise en scène par le grand grand Roger Planchon. Y’avait bien pourtant dans l’air, à l’époque, l’idée de se masquer totalement le visage, à l’instar des comédiens du Bread_and_Puppet. Mais causer au public avec un masque intégral sur la tronche, c’est plus casse-gueule qu’un Hollande livrant ses pizzas en scooter au petit matin (voir ton dessin du dessous).
 

Quelques années plus tard, je me suis essayé au demi masque. C’était dans la Paix, d’Aristophane, monté par Marcel Maréchal, à Lyon. Le demi masque permet, certes, de mieux sortir sa voix, mais ça gratouille un max au niveau des joues et du nez.
Quoi encore ? Bien plus tard, pour tenter de me faire comédien plus discret, j’ai aussi essayé les marionnettes. C’était dans « Le fabuleux destin d’Oussama Ben La Poule », en 2002 (ci-dessous)).
Mais fallait les tenir 1h 30 à bout de bras, ces putains de marionnettes. Je me suis vite bousillé les épaules. En plus elles étaient comme toi : impossible de les faire tenir dans un cadre !

oussamaJ’en suis donc revenu au plus basique : sur scène pour faire passer son texte, mieux vaut -surtout pour se faire entendre du public- se résoudre à, finalement, afficher sa binette, plutôt qu’à la cacher, sinon t’es comme un facteur timide qui, par discrétion maladive, choisirait de distribuer son courrier la nuit.
Mais je ne désespère pas creuser un jour une dernière piste : celle de l’homme invisible. Tu m’ouvres même des horizons métaphysiques : l’homme invisible a-t-il une voix ? Peut-être celle qu’entendait Jeanne d’Arc ? Comment dit-on ça en Allemand, Knoppy ?

Autre question hautement philosophique : montrer sa binette partout est-il de nature identique à cultiver son ego ? Je vais poser la question au maire de Glomel, qui s’affiche tous les jours dans le journal, devant l’épareuse, l’abribus, le macadam, les chiottes, le nouveau rond-point… et les prochaines élections... auxquelles, si ça peut te rassurer, je ne suis pas candidat.

 
Enfin (last, but not least), une expérience récente -identique à la tienne- m’a appris que c’est souvent ceux qui s’avancent masqués derrière l’anonymat de leurs saints pseudos qui ont finalement l’ego le plus protubérant. Après deux ans de patience masochiste, de guerre lasse, j’ai quitté ces tordus. Toi, plus vicieux, t’as attendu d’être viré. Le lecteur jugera du plus courageux. De belles joutes en perspective. Littéraires seulement, hélas ! Je te laisse le choix des mots, tout en te donnant à méditer ceux d’Edmond Rostand : « … mon petit, soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! » (Cyrano)

Je dois m’arrêter, car ma réponse est plus longue que ton papier. Le rédacteur en chef du site risque de s’en apercevoir et me taper sur la binette pour me faire saigner la couenne. Comme toi, j’ai horreur du sang. Même versé pour la bonne cause. Si tu le juges utile à la survie de la planète, tu pourras toujours lui adresser ton mémoire en réplique. Je m’absente huit jours. Ça te donnera le temps de tourner ta plume.
JK