290 - AROBASE MON AMOUR

Raymond Tomlison, l’inventeur -c'était en 1971- du courriel, vient de se casser l’arobase en début de mois. À bout de souffle. 75 ans au compteur. Même pas la moyenne d’espérance de vie. Voilà où ça mène de vouloir courir trop vite. Comme le trou est toujours au bout, plus tu vas vite, plus vite tu tombes dedans.arobasefeuille

Au jour d’aujourd’hui, 205 milliards de messages sont avalés quotidiennement par les boyaux d’Internet. Avec le haut débit qui rampe dare dare dans les tranchées, à l’assaut des campagnes, on va gagner encore du temps. Sur qui ? Sur le temps, mon neveu ! Cet ennemi final qui vous grignote à petite bouchée de vers de terre et qui n’en a rien à foutre de vous, scotchés à vos Iphones et ordis comme des naufragés de la Méduse à leur radeau. Pas de quoi être médusés.

Même avec un bon anti-spam dans ton carburateur, tu te paies une foultitude d’infos dont tu n’as strictement rien à foutre. Quand un vrai message, d’un vrai copain, franchit la ligne d’arrivée, tu commences par te réjouir d’avoir enfin un courriel un peu personnel. Tu parles ! C’est pour t'annoncer qu’un autre copain vient de calancher.

Entre deux vendeurs de cartouches d’encre à prix cassé, il y a aussi le pourfendeur d'algues vertes, qui, les soirs de pleine lune, joue le prophète de l’envoi groupé en te faisant la morale avec des « sachez que », « tenez-vous le pour dit », « à bon entendeur salut », « je vous l’avais bien dit ».

arobase fesse

Où est donc le temps béni des facteurs ruraux, si serviables et parfois un peu bourrés, vous apportant de vraies lettres, avec de vrais mots qui avaient pris le temps de germer dans les boyaux d’un vrai crâne durant des mois entiers ! Maintenant, si tu ne réponds pas dans la demi-journée à tes sollicitations en ligne, tu fais figure de has been.

J'ai la mémoire qui flanche, et mon disque dur qui sature.

Qui a dit que, pour aller de A à B, le chemin était le plus passionnant, non le but ?

Enfin le printemps ! Avec les primevères, le soleil pointe son nez. Flanons ! Le bonheur est dans le pré. Mignonne allons voir si la rose. JK