65 - Revoilà les voisins

Robinson Crusoé sur son île était bien content de pouvoir copiner avec son Vendredi. Pourtant un sauvage. Juste un peu plus causant que sa chèvre. Et cannibale avec ça !
Vous avez dit Vendredi ?
Justement, c’était, il y a 2 jours : la fête des voisins.
Les réactions au premier papier d’Iso (N°64) en appellent un deuxième, à 3 raquettes cette fois. Amplement justifié. On est au cœur du sujet : Caïn et Abel, les luttes fratricides entre nations,  les coups tordus entre vieux potes, les trahisons et les parjures, les gnons et les caresses. Ça va saigner !
JK

-Ah mais non !
Je suis pas d'accord du tout-du tout !
Mes voisins, c'est des crétins intégraux et congénitaux !
Mes voisins, je les déteste, je les hais, je les abomine, je les abhorre, je les exècre, je les conchie...
Je les maudits, je les vomis, je les honnis !
 
Mais c'est eux qui ont commencé !
C'est pas moi !
J'vous le jure, Monsieur le Président, Monsieur le Procureur, Maître !
robinson
Si j'avais un copain à la Cia, je les dénoncerais comme islamistes pour qu'un drone vienne les buter !
Si j'étais chasseur, y'aurait un accident !
Si j'étais cuisinier, ils boufferaient de l'omelette phalloïde !
Si j'étais pilote d'ULM, je les pulvériserais de Zyklon B acheté en Syrie !
J'ai plein d'autres idées comme ça !
 
Mais la Terre est pleine de voisins, tous plus pire les uns que les autres, y'a qu'à lire les journaux.
C'est des gens quoi !
Comme vous et moi !
De la médiocrité, de la petitesse, de l'insignifiance méchante et cruelle.
Pour résumer, c'est humain !
 
Alors, une fois qu'on est mort, quelle importance d'être découvert plutôt tôt ou plutôt tard ?
Les mouches et les asticots ont aussi le droit de vivre !
On veut tout enfermer dans des boîtes bien proprettes dans des pièces aseptisées et des monuments funéraires bien fleuris de plastique dans des cimetierres géométriques et bitumés.
Mes voisins, ils sont tellement mauvais qu'ils feront crever les pissenlits tentés de pousser sur leur tombe...
Gilles Knopp

-Ah ben voilà, je l'attendais ! Dès qu'on fait dans la dentelle Knopp arrive avec son crochet.
C'était tellement mimi tellement gnon gnon la fête à Périfon !
Alors faut croire qu'à la campagne on a plus d'espace pour se détester non ? Ou alors c'est une affaire d'énergies hein ! Dans la nature on est autrement qu'à la ville. Dans la nature on respire les pollens, on chope l'énergie des arbres et des courants d'air, on vit la porte ouverte et on sort pieds nus et on fait toutes sortes de choses dans le champ du voisin en se levant le matin ... tout ça !
En ville, surtout quand on vit dans un collectif, ce qui est le cas le plus fréquent, on veut pas déranger.
On marche avec des chaussons, à pas feutrés ! On n'ose pas tirer la chasse d'eau ni fermer ses volets !
Souvent on se dit à peine bonjour dans l'escalier et hop on s'enferme à double clef. On se méfie. On ne se connait pas alors ... On ne sait jamais. Dans les villes y a tellement de gens qu'il vaut mieux pas les regarder.
C'est dans LES COLLECTIFS qu'on meurt TOUT SEUL la plupart du temps ! On devrait appeler ça autrement.

 Ce qui est marrant pour la fête des voisins au début, ben c'est que dans certains quartiers, les gens ils ont vachement fait la fête ! Trop la fête trop trop trop, si bien que les gendarmes ils ont rappliqué !                                  voisins Rapport aux voisins qui voulaient pas la faire cette putain de fête des voisins à la con ! Et qui ne supportaient pas le bruit de ceux qui faisaient péter les bouchons ! Marcel donne ton verre ! Gisèle ramène ta fraise tu le veux à quoi ton kir  ???? et pareil mais avec plein de prénoms étrangers ...
Ah ben merde, des gens bourrés le jour de la fête des voisins ! Ah mais nan nan nan c'était pas prévu !
Pas de ça Lise ! Une honte pour la commune ! Périfan l'avait pas mis dans l'règlement qu'i fallait boire que du jus d'fruit ... l'avait po pensé !
Et vas-y dans les quartiers populaires que j'te chante et vas y qu'euj te crie et qu'euj te rigole et qu'euj te fais du foin, du boucan du potin ! ! ! Et d'la musique même, de la musique pour la fête des voisins ! N'importe quoi la musique c'est pour la fête de la musique là c'est la fête des voisins !
Nan mèèèèèè ça va pas nan .... dans les quartiers populaires comme ils disent ...
Po contents, po contents du tout du tout les administrés coincés du cul et du boyau d'la rigolade, po contents les constipés du sourire, po contents les flics qui voulaient dormir ... Alors la mairie a tranché !
Vive la démocratie et vive la liberté ! Désormais, la fête des voisins sera organisée par la municipalité qui débarquera avec ses tréteaux, du jus de fruit et du quatre quart à 2 balles ... fête obligatoire de 19 à 20 h et après couvre feu ! Tout le monde au lit on n'y revient pas et à l'année prochaine les gens.
Résultat :
Y a plus personne à l'enterrement.
En ville c'est plus difficile de détester les gens !
En ville c'est plus difficile d'avoir des sentiments !
Les villes et les grands collectifs, c'est prévu pour rendre les gens indifférents !
LA FETE DES VOISINS TU L’AIMES OU TU LA DETESTES
ISO

-Eh ben quand j'atais poutit, le jeudi après-midi, juste en face de chez mes papy-mamy, j'allais au patronage.
Au moins 60 mètres de façade sur la rue Jean-Jacques Rousseau
C'était une vieille bâtisse en pierres, en "U", avec un grand terrain herbu derrière, arboré de fruitiers, de tilleuls, noyers, etc, genre 5000 m² de terrain ousqu'on faisait la fête de la paroisse Saint Pierre en juin.
C'est progressivement tombé en vrac vu que les enfants de maintenant, c'est des mécréants, et quand l'évêché a vendu, c'est gros promoteur qui a acheté !
Hey, le gars, pas fou ! Plus d'un demi-hectare à 10 minutes à pied du centre-ville, l'aubaine !
Donc il a fait deux résidences à 5 étages, des trucs soi-disant haut de gamme avec balcon-terrasse et tout le confort moderne.
Et là-dedans, y'a au moins 40 appartements à 3000 euros le m², et les gens qui habitent là, y z'ont (presque) tous des voisins du dessus, d'à côté, du dessous ou de l'autre résidence jumelle.mur  
Mes papy-mamy, ils avaient des voisins qui s'appelaient Monsieur et Madame Voisin.
Leur maison, à mes papy-mamy, elle faisait 10 mètres de façade sur la rue Jean-Jacques Rousseau, y compris le garage en biais pour garer la 4L, même qu'il a fallu gratter dans les murs quand ils ont eu la R6.
En descendant l'escalier extérieur qui abritait les poules et les lapins, on arrivait au rez de jardin orienté à l'est, avec une cour plein sud.
Y'avait une cuisine d'été avec un rideau en lanières plastiques multicolores et c'est là qu'on faisait la confiture, les conserves de légumes et le pâté de lapin et pis une cave à charbon/atelier/fourre-tout.
Sous le garage en biais, y'avait un cellier pour les tonneaux où mon papy y faisait son eau de vie de prune, ses endives et où qu'il stockait ses pototes.
Et pis un long jardin de 100m par 10.
Eh ben Monsieur et Madame Voisin, un jour, y z'ont demandé à Mon Papy : "Dites-donc Marcel, (Monsieur Voisin, il était ingénieur à l'aérospatiale...), on va faire une extension de notre maison, en "L". Cela ne vous ennuie pas ?"
Mon papy, qui était contrôleur des compteurs d'eau à la ville, il a répondu : "Oh ben bien sûr que non, Monsieur Voisin !"
Alors y z'ont construit un mur en parpaing sur deux étages, ce qui fait que la petite cour plein sud, plus jamais elle n'a été au soleil...
 
Je crois que c'est depuis ce temps-là que je déteste les voisins. Tous les voisins ! Surtout ceux qui s'appellent Monsieur et Madame Voisin...
 
Donc, si un jour j'habite en ville, y faudra que j'exproprie les voisins du dessous, ceux d'à côté et ceux du dessus. Un sorte de zone tampon. Un no man's land de sécurité. Un sas, quoi !
Mais avec des tarifs comme ça, effectivement, même un 12 m² ça va me bouffer tout mon minimum vieillesse...
Gilles Knopp

bebe-On ne choisit ni ses voisins, ni ses parents, ni le pays où on naît… ni ni ni…
Tout ça c’est donnée brute qui nous tombe dessus. Faut faire avec.
Parfois des brutes.
Parfois des anges.
Des gentils et des méchants qui peuvent rapidement troquer leurs rôles, aussi changeants qu’un ciel breton. Suffit d’un coup de pulvérisateur par-dessus le talus, d’une branche qui dépasse au-dessus du jardin ou d’une petite culotte qui tombe du fil à linge posé sur le balcon.
Mais faut faire avec.
Tout con comme raisonnement, mais je n’en vois pas d’autre.
Le mur en parpaing du voisin Voisin, c'est finalement moindre mal.
Les philosophes, pédagogues, psychologues, pédiatres, podologues (et j'en passe) appellent ça : "découverte de l'altérité".
Quand y'a pas trop de retard de croissance (comme dans le cas Knoppy) ça se passe autour des 6 mois.
JK