70 - Guillotine

    En ces temps de sinistrose, pour mettre un peu d’ambiance dans le poulailler (cf. les derniers commentaires à l’article précédent), rien de tel qu’un sujet bien sanguinolent : les Chouans ! Un de mes dadas historiques qui m’a valu quelques inimitiés.chouans
Il y a encore un an, je ramais afin de chercher trois sous pour terminer un film traitant de chouannerie, que le CG22, France 3 et la Région Bretagne refusaient d’aider (Y’a des budgets prévus pour, pris sur nos deniers). 
    À St Brieuc, avant même la sortie de mon bouquin sur les chouans bretons, intitulé  "Qui a tué Poulain-Corbion ?", j’ai failli être lynché par un groupe d’obtus essayant de me faire passer pour un vieux réac nationaliste à la Glenmor ou, pire, de Villiers.
    Tout ceci pour occulter une vérité historique : ces futurs chouans de paysans avaient allumé (à Rennes en particulier), bien avant le 14 juillet 1789, un feu révolutionnaire que les bourgeois, dont le Poulain-Corbion, avaient par la suite éteint en s’en foutant plein les fouilles (avec les biens nationaux).

    Petite revanche aujourd’hui qui me permet de jouer au coq du poulailler : en cette Ascension mon film, enfin terminé, que j’ai bien du mal à faire programmer en Bretagne, vient d’être invité, à l’automne prochain, au Rendez-vous de l’histoire de Blois, présidé par Jean-Noël Jeanneney, une édition 2014 intitulée « Les rebelles »… autre chose que le festival de Mellionnec en Ploukistan qui a refusé ce film, histoire de ne pas se mettre mal avec ses financeurs. « Nul n’est prophète… »
 
    Autre scoop : je viens de recevoir une lettre d’un commissaire divisionnaire principal de police -Gloup ! Drôles de fréquentations le Kergrist !-. Plutôt sympa le commissaire : il m’autorise à la publier, en y ajoutant même son identité. J’en suis tout chouan-boulé !
JK

chouans2(Le 9 floréal, jour de la hyacinthe, An 22 de la République)
Indivisible et impérissable !

    Cher ami de l’Histoire,
    Il y a quelques mois, notre éditeur commun, connaissant mon intérêt boulimique pour tout ce qui touche de loin ou de près la chouannerie bretonne, m’avait offert votre ouvrage concernant Poulain-Corbion. Il fut rapidement dévoré et je n’avais été ni surpris, ni choqué à aucun moment par le texte, seulement vivement intéressé, car il venait éclairer ma lanterne. Il m’a remis l’autre jour le dernier épisode du livre « Chouans sujet tabou ? » (éditions des Montagnes Noires, 5€) et je suis tombé du placard.
    Ainsi il existait à Saint-Brieuc une « Association Républicaine Poulain-Corbion » qui souhaitait vraisemblablement enseigner l’Histoire comme les instituteurs roumains l’enseignaient sous l’ère du « Génie des Carpates »,  le camarade Ceaussescu… Mon premier réflexe est de vous assurer de ma solidarité et de mon soutien, mais étant catalogué parmi les historiens « réactionnaires » (« la réaction c’est la vie »n disait Paul Bourget !) il se peut que mon soutien apparaisse à vos détracteurs comme un aveu de votre part des vilaines idées que vous n’avez jamais eu ! Alors j’ai prévu que la lettre que vous avez entre les mains s’autodétruira après lecture…
    Bref quelle tristesse de voir dans un régime démocratique quelques robespierristes attardés s’ériger en tribunal, mais un membre éminent du Grand Orient de France, l’ancien ministre Vincent Peillon, n’a-t-il pas écrit, il y a quelques mois, un livre intitulé : « La Révolution française n’est pas terminée »… Nous voilà avertis !
    J’ai beaucoup apprécié certains des qualificatifs qui vous sont donnés et que vous pourrez sans nul doute faire figurer sur vos cartes de visite, notamment celui de « royaliste trempant sa plume dans le purin régionaliste »… j’aime beaucoup le terme de purin régionaliste dont il faudrait demander à son auteur l’exacte signification !
    Je joins à ce petit mot les grands lignes d’une « conférence » faite devant la Société Polymathique du Morbihan pour annoncer certains aspects de mon prochain ouvrage, en particulier celui de la vérité historique. Vous pourrez vous faire ainsi à l’idée que nous pourrions très bien nous retrouver dans la même charrette, quand ces cons-là auront retrouvé une guillotine. Je serai en bonne compagnie ! Mais j’espère que nous aurons auparavant l’occasion de boire un verre à la « Mirlitantouille » avant qu’ils ne réinventent la guillotine sèche…
Très cordialement

Jean Guillot, commissaire principal divisionnaire de la PJ

 

Ma réponse :

 Cher Commissaire du Directoire
et futur compagnon de guillotine,

    Grand merci pour votre lettre amicale et le texte de votre conférence. Comme vous, je suis aussi pas mal « catalogué », mais j’en ai définitivement pris mon parti. La recherche de la vérité, façon commissaire de police, me sied très bien. C’est le seul mobile qui m’habite. Avec aussi la justice. Nous devons donc être sur la même longueur d’onde car votre lettre ne s’est pas autodétruite après lecture.chouan3
    Tout ce dont vous nous entretenez dans votre conférence est capital. Impossible de vouloir faire œuvre d’historien sans s’interroger sur la fiabilité de nos sources. J’ai d’ailleurs souvent remarqué que, en cas de version contradictoire d’un événement, c’est souvent la version du brave pandore de base qui est la plus fiable, car exonérée d’intérêt immédiat. J’en ai donné un long exemple dans « Les bagnards du canal de Nantes à Brest ».

    Je suis pourtant resté estomaqué par la virulence des attaques, suite à la sortie de mon livre sur Poulain-Corbion. Les « camarades » et « frères » ont tout fait pour m’empêcher de réaliser le film qui faisait suite au bouquin. À force d’entêtement, je suis malgré tout parvenu à mes fins et, depuis, ils me foutent un peu la paix.

    J’ai découvert que les guerres intestines mettent plus de deux siècles à se cicatriser. Que révolutionnaires et réactionnaires échangent hardiment leurs jeux de rôles. Que les positions des uns et des autres se crispent plus souvent sur des symboles que sur la réalité des faits. Que jugements lapidaires et positions de principe occultent toute recherche de vérité.

    J’ai appris récemment qu’une guillotine venait d’être mise aux enchères à l’hôtel des ventes de Nantes. Si vous en avez encore les moyens, essayez, discrètement, de faire suivre l’acquéreur.
JK

COMMENTAIRES 31/05/14 et jours suivantsstatue


-Aaah ! (de soulagement...) !
La PJ enfin aux trousses de Kergrist !
Il était temps, nous voilà rassurés.
Gilles Knopp

-A l'appui de ta "thèse" sur les complexités et subtilités historiographiques de la chouannerie, vas donc voir le résumé d'un travail remarquable (et connu) de l'universitaire
Paul Bois "Paysans de l'Ouest" dans Persée. Paul Bois s'est intéressé il y a quelques années déjà à la différenciation de la couleur politique de l'Ouest et de l'Est du même département de la Sarthe, et qui en établit l'origine précisément aux événements de la révolution...notamment sur la question de savoir qui a profité le plus des fameux biens nationaux...
Persée est une revue de socio qui fait des résumés....
C'est pas long et ça rejoint je crois certaines de tes hypothèses....
LM

-C'est lumineux en effet !
Un extrait parmi d'autres de la présentation
par l'historien Maurice Aghlon de (décédé ce 28 mai 2014), du bouquin de Paul Bois, édité en 1961,  : "Mr Bois démontre par des études précises de la fiscalité et de la vente des biens nationaux, que la Révolution a surtout profité aux villes; elle a été œuvre bourgeoise et citadine."
JK

-Pour mon compte, à l'appui de cette thèse, je n'ai pas manqué de "munitions" : je me suis surtout inspiré des travaux de l'universitaire Éric Teyssier ( cf l'article "La vente des biens nationaux et la question agraire" dans la revue  Rives Méditerranéennes ) concernant l'interdiction de la vente parcellaire des biens nationaux à partir de l'automne 1790 (suite à la loi du 25 juin 1790), alors que cette vente parcellaire était auparavant expressément encouragée par la loi du 2/11/1789 : "Tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation ”... article de loi qui avait suscité un immense espoir dans les campagnes... espoir qui n'a pas duré bien longtemps !
Je ne peux m'empêcher de livrer à la méditation des lecteurs une longue citation de Teyssier :
"... ces mesures témoignant d'une volonté de multiplier le nombre des petits propriétaires sont abrogées par les décrets de novembre 1790 qui imposent la vente des biens de l'Église en corps d'exploitation et incitent même les districts à regrouper les biens trop modestes. Lorsque les députés de la Constituante adoptent cette loi, leur objectif consiste alors uniquement à combler au plus vite le gouffre budgétaire hérité de l'Ancien Régime. Ils estiment donc nécessaire de favoriser les acheteurs fortunés issus de la bourgeoisie qui sont supposés être plus solvables que les paysans sans terre. Au-delà de ces considérations purement financières, il est probable que les députés de la Constituante ont également été sensibles aux arguments de la bourgeoisie qui s'intéresse beaucoup à ces biens que les experts inventorient depuis le début de l'année 1790. En effet, la bourgeoisie a tout avantage à enchérir sur de vastes exploitations car elle écarte ainsi des ventes de nombreux paysans, même aisés, qui ne disposent pas des moyens nécessaires pour pousser les enchères au-dessus d'un certain seuil. Quant aux paysans sans terre, la non division des domaines a pour conséquence de les exclure presque totalement des ventes."
JK

-Quelle nouvelle !!!! , après m’être enfoui dans les fondations des Twins Towers de Carhaix après ses supers élections, tel une Belette je sors mon museau pour voir si les chars ne m’entourent pas, que les milices de chasses de Glon mimé par Valentin n’ont pas mis en place des  contrôles et les Bennets Rouge en fête sur la place de la mairie.
Mais rien le désert le soleil se lève et tous cuve la victoire …
Alors prenant tous les risques face à la MSA je pirate le serveur  de l’institut de Locarn et de la mairie.
LA je tombe sur le CUL avec se message d’ALERTE  sur leurs serveurs:
ATTENTION KERGRIST A LE SOUTIENT de LA PJ : (Police Judiciaire) on comprend mieux les arrestations des Bonnets Rouges.
NOUS RAPPELLONS ATTENTION : il est fait référence au Grand Orient de France
Méfions nous il va bientôt nous sortir le soutient de la BF (Brigade Financière) mais plus GRAVE il a fait pister la cache de Notre Guillotine.
Chapeau Bas  Maitre KERGRESISTANT vous m’étonnerez Toujours
ST JEAN Bon

-Que la nébuleuse Bonnets Rouges, dont Locarn est l'une des étoiles filantes, se rassure : le commissaire Guillot est aujourd'hui retraité, ce qui explique sans doute sa liberté de parole. Il n'a aucun pouvoir pour courir après les brûleurs de radars ou de portiques... dégâts collatéraux que les contribuables devront, de toute façon, bien entendu et comme d'habitude, payer de leurs deniers.
JK