77 - Intermittents à poil

    C’est parti pour l’été. Comme en 2003. Troadec va devoir ressortir sa sono portative et ressusciter le fantôme de son ex-adjoint Jeudy pour courir les rues de Carhaix appeler la population à sauver les Vieilles Charrues (photo ci-dessous dans la foule) des hordes barbares d’intermittents. Presqu’aussi héroïque que de rétablir le duché de Bretagne dans ses frontières d’Ancien Régime, ce dont tout le monde se fout éperdument à part quelques bas du bonnet, hystériques croqueurs de portiques et de radars. Les intermittents seront les bonnets rouges de l’été. Ils foutent déjà la frousse aux villes festivalières dont le tiroir-caisse commence à trembler. Bien la preuve que ces générateurs de déficit leur apportent aussi quelques tunes.charrues
    Parlons-en du déficit ! Ça fait même des années qu’on en parle. Depuis la création de l’intermittence en 1936. Ce « déficit » - conjugué sur tous les tons - est mis en avant par le MEDEF - à part le PDG d'EDF Proglio, mécène de sa femme- au nom du rapport boutiquier cotisations/prestations. En clair : les intermittents touchent plus qu’ils ne cotisent.

    C’est un peu comme si, dans le régime général de la sécu, vous isoliez les droits des malades pour les calculer à part : ces feignants de faiblards  en arrêt maladie perçoivent davantage de la sécu qu’ils ne cotisent. Alors que pour les valeureux bien-portants c’est l’inverse.
    Même topo pour les chômeurs. Seuls ce qui bossent ont un rapport cotisations/prestations vraiment positif.
    Qui a dit que c’était justement le but de toute solidarité sociale ? Est-ce si scandaleux, surtout sous un gouvernement dit « de gauche », que les plus favorisés cotisent plus que les traînes savates ?

    De plus, si on met dans la balance les cotisations des permanents œuvrant dans le domaine du spectacle et aussi de la culture en général (festivals, films, télés, radios, maison de productions, vendeurs de produits culturels…) ainsi que les retombées commerciales et touristiques des festivals, on s’aperçoit que ces intermittents, loin de se faire des couilles en or, sont l’un des gros pourvoyeurs de devises de l’hexagone. Les protéger c’est protéger une poule aux œufs d’or. Et, à regarder la gueule de ceux qui aboient contre ce statut en criant au scandale, c’est aussi se  donner à terme, en se frottant au vernis scénique, une petite chance de devenir moins cons qu’eux.

    Si vous aimez les intermittents à poil, regardez cette
vidéo . Vous saurez aussi comment Aurélie Philippetti sait botter en touche. Ne loupez pas la tronche du grand escogriffe à lunettes placé à sa gauche. On dirait un cormoran aux aguets. Sans doute un énarque dont le logiciel a bugger. Il n’a pas dû suivre la formation pour cadres en milieu hostile à Locarn. Le gros pandore moustachu vaut aussi son pesant de cacahouètes. « Faut cogner, chef ? » Une fliquette prend des photos par-dessus l’épaule de son galonné. « C’est pour ma collection, chef ! Ça m’excite plus que de prendre leurs empreintes digitales. »

JK