86 - Insignifiance !


kundera    Dans notre série « c’est l’été », lâchant un moment les grandes causes destinées à sauver la planète, l’insouciance nous conduit tout droit à l’insignifiance.
    « La fête de l’insignifiance », le dernier roman de Milan Kundera, est tout, sauf insignifiant. Il nous y avait déjà préparé naguère avec « L’insoutenable légèreté de l’être ». Légère, cette fois, la pagination l’est. Moi qui aime faire court ! 140 pages -écrit gros- que Gallimard nous vend sans scrupule 15,90 €. Loin des 10 ou 11 € des 250 pages -écrit petit- de mes modestes romans régulièrement publiés chez Apogée. Il est vrai que Rennes n’est pas Paris, que mon éditeur ne me paye pas transport, logis et couvert quand je cours les librairies et festivals en dédicace… et, surtout, que je ne suis pas Kundera ! Avec l’Anglais  David Lodge, mon romancier préféré. Il est vrai aussi qu’à 85 ans on a de gros besoins en auxiliaires de vie.

    Savez-vous pourquoi l’érotisme s’est aujourd’hui déplacé des fesses et des seins des jeunes filles  vers leur nombril? Kundera, en observateur coquin de 85 berges, nous livre la clef qui vous incitera à exposer cet été votre nombril au soleil. Voulez-vous apprendre comment noyer sans vergogne celui qui vient à votre secours quand vous plongez d’un pont dans l’eau glacée pour vous suicider ? C’est vrai à la fin : il est inadmissible que quelqu’un vienne vous voler votre propre mort ! Comment draguer si vous être intermittent du spectacle et que vous êtes amené à faire quelques extras comme serveur dans des buffets dînatoires et autres pinces fesses mondains ? Pourquoi Staline a fait preuve de grande tendresse en rebaptisant Kaliningrad la ville de Prusse anciennement appelée Königsberg ? Comment faire votre intéressant en lançant en ville le bruit que vous avez un cancer ?

    C’est simple, sans fioriture, joyeux, exubérant. L’écriture va toujours droit au but. De la tête, des pieds et des fesses. Cet été, tous les écrivains aimeraient s’appeler Kundera.
JK