9 - Le Breton est mort ? Qu'on le tue !

Des comiques, il y en a de très mauvais et même de pas drôles du tout : Philippe Val et Bedos Junior qui se vautrent dans l’islamophobie et la haine des Bretons (évidemment « incultes »), pour faire bonne mesure avec Dieudonné qui, lui, fait de l’antiseémitisme son fonds de commerce. Il n’a pourtant pas toujours été comme ça le Dieudo. On rigolait de bon cœur avec lui quand il faisait la paire avec Elie Semoun... Junior en revanche, n’est que le pâle reflet d’un père dont « La Drague », avec Sophie Daumier, aura marqué les annales autrement qu’avec la merguez dont son fils menace les nôtres.
A croire que les comiques sont meilleurs quand ils vont par deux : Dupond et Dupont, bien sûr, Yolande Moreau et Bruno Lochet, Fred et Omar, Liliane et Catherine... sans oublier Rozan et Tartrais.
Car, dans le Trégor, nous avons Rozan et Tartrais. Leur truc à eux, c’est la langue bretonne. Dès qu’on en parle, hop, Serge de Lokireg appelle Jean-Yves à Sant-Eganton à la rescousse, et ils nous pondent à quatre mains une énième chronique nécrologique, compte-rendu d’autopsie à l’appui. Il y en a, c’est la révolution permanente. Eux, c’est l’enterrement permanent.
Car les enterrements en Bretagne, comme chacun sait, il y en a des pas tristes !
Le breton est mort depuis longtemps, et alors ? C’est pas une raison pour ne pas le tuer encore. Impayable je vous dis. Faut pas croire : le breton, ils sont pas contre, Rozan et Tartrais. Il est mort, c’est tout. Ils en sont même peinés, mais c’est comme ça : Mektoub, Petra'ri ? Alors, il faudrait que les salafistes d’Aïta cessent de leur faire de la peine en parlant cette langue morte et en l’instrumentalisant pour piéger les élus : du genre, soit les élus l’ignorent, et c’est des vilains jacobins, soit ils veulent bien lui accorder une petite visibilité dans la vie publique... et là, crac, ils vont se retrouver obligés de tenir leurs engagements et d’en rendre compte ! Imaginez : si les élus doivent rendre des comptes maintenant, où va-t-on ?
D’ailleurs, le breton, c’est bien simple : tout le monde s’en fout. Au moins autant que des sans abris (ya toujours eu des pauvres...), du réchauffement climatique (quelle blague !), du recul de la diversité biologique (trop tard), du sort des Rroms (des voleurs !) ou du conflit israélo-palestinien (insoluble, ma pauvre dame). C’est vous dire si c’est la peine de s’y intéresser !
En plus, tant qu’à apprendre une autre langue, choisissez-en une dont les structures sont bien différentes du français, nous conseillent nos deux bretonnants confirmés et experts en psycho-linguistique... Le breton, dont la phrase n’est pas systématiquement construite sur le modèle sujet- verbe-complément, c’est beaucoup trop proche du français. Pas comme l’Italien ou l’anglais...
Et puis le breton, c’est une langue tellement infirme qu’elle est « dans l’obligation de créer à tout va des néologismes pour être une langue du présent »... C’est bien connu, les langues vraiment vivantes, elles ont tout ça en stock (comme disait Rabelais) depuis la tour de Babel, bien avant que le concept (comme disait Villon) ou l’objet ne fasse son coming out (comme disait Molière). Relisez donc l’article consacré à l’électronique moléculaire dans l’Encyclopédie de Diderot !
Et puis, une langue, il faut qu’elle soit utile dans la vie quotidienne, et avec un max de locuteurs tant qu’à faire. Comme le mandarin, l’arabe ou l’anglais, tiens : ça c’est des langues ! Qu’est-ce qu’elle en a à faire, l’humanité, d’être riche de sa diversité, de la convivialité choisie et de la différence assumée et partagée ? Bon, d’accord, le patrimoine, la poésie, la musicalité, c’est bien joli tout ça, mais c’est pas ça qui va nous ramener la croissance, quand même ?
Je vous le disais : à quatre mains, c’est toujours meilleur !

Jean-Do Robin, membre du « fan-club » Rozan-Tartrais