...à périodicité très variable, ouverte le 23 février de l'an de grâces (matinée) 2014...

et (presque) fermé en janvier 2017


sphinx

PRÉ EN BULLE
Cette page n'est subventionnée par aucune collectivité territoriale,
car nous détestons la littérature de faussaires à la main d'organismes bidons ( Offices, fausses assos, EPCC...), instrumentalisés en sous main par des élus.
Quand, par le passé, les gouvernants, ou leurs porte-plumes serviles, se sont occupés de régenter art ou littérature, on a aussitôt
pu constater la régression mentale.


(avec la complicité de Léonor Fini, ici à droite)

Le mot "Bretagne" de ce titre n'implique aucune allégeance à un quelconque communautarisme, autonomisme ou indépendantisme. Il situe juste le lieu de la culture (et parfois de la langue) d'où nous écrivons. Notre regard essaie de porter plus loin que les Régions, les États, les continents... ou les galaxies, car nos territoires sont avant tout imaginés.

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* à savoir : Régine Mary (Iso), Gilles Knopp (Knoppy) et Jean Kergrist (JK)

Pour un formatage américain à réactivité immédiate, il faudra vous adresser au logiciel Wordpress. Ici on prend le temps des relations humaines et des labyrinthes rigolos des fêtes foraines. On s'en fout totalement du nombre de zamis sur fesse-bouc.

On n'est pas à un jour près, ni à un mois.
On prend le temps, avant d'écrire, de tourner 7 fois la plume dans l'encrier des sentiments. On amène ses crayons de couleur, on s'écoute, o
n se cause et on se contredit courtoisement. Pour vos plaidoyers en faveurs du Front National, du pâté Hénaff, de la Légion étrangère, de l'Institut de Locarn, ou de l'agriculture productiviste, adressez plutôt vos textes à Minute ou à La France Agricole.

Depuis fin février 2014, sur cette page, déjà près de 400 articles (tous en ligne). Pour faciliter leur repérage, ils sont numérotés. Le moteur de recherche interne vous permet de trouver les thèmes abordés ou les personnes citées.

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Continuons notre approche philosophique onfraysienne pour 4ème âge normand en nous attaquant aujourd’hui à la Patate. (Au passage : Manu Carlos Valls s'attaque à Onfray, ce qui prouve bien que la pensée devient aujourd'hui dangereuse)

La Patate ne fait pas partie, à première vue, des transcendantaux, comme Vérité (article 170) et Bonheur (article 172)… - patience : Justice et Beauté c’est pour bientôt- mais elle mérite, cependant, de s’afficher en robe des champs avec majestueux P majuscule.patate

Si Platon, Aristote, Saint Thomas d’Aquin, Descartes, et quelque autres n’en ont pas causé, c’est qu’à l’époque, elle n’était pas née. Du moins en Occident, là où l'on apprend depuis des lustres à penser correctement, ce qui est un gage de Bonheur (article 172), car l’expression « j’ai la frite » nous vient directement de la Patate. L’expression « compter ses patates » aussi, surtout celles placées au Crédit Patates, qui indiquent un bon positionnement sur l’échelle de Richter du Bonheur qui fait aujourd'hui en France dans les 3 millions d'heureux millionnaires. Merci Hollande et Manu Carlos Valls.

parmentier

 

Parmentier Antoine, philosophe pharmacien militaire inventeur du hachis, l’aurait, le premier, introduit à la cour de Louis 16 en la ramenant d’Allemagne, qui, elle-même, l’avait importée d’Italie. Il était grand copain de Lévêque Vilmorin –qui n’était pas évêque, mais botaniste- qui en a pris de la graine et qui, aujourd’hui, continue à en faire son beurre à Gamm Vert et Bricomarché, qui qui qui…

« La France vous remerciera un jour d’avoir trouvé le pain des pauvres », lui fit le roi. Ce modeste article n’a que pour but de contribuer à réaliser aujourd’hui cette prophétie royale, en introduisant son auteur en bonne cour.

La Patate, avec le lard, nous a 100 fois sauvé de la famine, ce que n’a jamais réussi à faire un seul gouvernant.

La conclusion est claire : avec le printemps qui s'amène, par les chemins creux et par les landes (dont on reparlera sous peu), aux prochaines élections, plutôt qu’un bulletin dans l’urne, glissez plutôt une Patate dans le sol. Elle vous le rendra au décuple, ce que ne saurait faire un seul élu, préférant généralement tout garder pour lui, à part ses tracts électoraux, qui, jetés au sol, ne repoussent pas.

JK

 

Il est temps de vous donner quelques nouvelles d’un de nos héros préférés : le capitaine parachutiste légionnaire Valantin (photo), protégé de Glon, président de l’Institut de Locarn. Ceux qui ont suivi le début de ce feuilleton à tiroir qu’étaient, fin 2013, les bonnets rouges (article 240 de l’ancien blog « coup de cœur coup de gueule »), savent déjà que la Cap’tain dirige de main de parachutiste la société Dervern (« chêne » en breton), spécialisée dans le « génie écologique ». Vous savez aussi peut-être que cette société de génie géniale a obtenu de Vinci, comme par hasard, le marché des mesures compensatoires à Notre-Dame des Landes. Compenser c’est quoi ? Il s’agit, en gros, de transporter petites bêtes et plantes protégées de NDDL sur d’autres zones humides. D’une marre à l’autre. Qu’est-ce qu’il se marre le Cap’tain !valantin

Sauf que le terrain est glissant et que les grenouilles ne se laissent pas faire. Le Cap’tain s’enlise dans la zone humide. Les méchants zadistes lui font des misères. Le valeureux parachutiste, pourtant converti, d’après ses dires, aux méthodes non violentes d’une théorie fumeuse « La vie » (catholique illustrée), héritée des écologistes fondamentalistes, ceux qui éludent du rapport à la nature les rapports sociaux, ne peut aujourd’hui exercer son sacerdoce au service de la flore et de la faune (« la vie ») que protégé par 5 fourgons de gendarmes mobiles. Merci à Le Drian, ministre des gardes mobiles, pèlerin fidèle de l'Institut de Locarn et de St Cyr Coetquidan… avant de devenir voyageur de commerce de Dassault en Égypte et en Inde.

Sur son site Internet - http://dervenn.com/ - *, Cap’tain aujourd’hui pleurniche, criant à l’incompréhension. Il se fend d’un « flash d’actualité » désopilant. Les zadistes l’empêchent de faire son boulot, alors que, comme eux, il milite « pour un changement radical de société » et qu’il « partage certaines de leurs positions » (Lesquelles ? C’est une devinette !) Les zadistes ne veulent pas de ce projet sublime d’aéroport surdimensionné, alors que lui travaille, de manière très désintéressée, à sa faisabilité, tout en se déclarant « sensible à la destruction massive des espaces ruraux en France. » Comme s’est touchant !

Et le capitaine d’affirmer « Nous souhaitons que l’activité de Dervenn contribue à une économie systémique territoriale, indépendante des pressions partisanes, dogmatiques, lobbyistes et financières ». Souhait superbe ! Mais quand on relance une société (après une première faillite) avec le fric à Glon, les souhaits, foi de parachutiste, s’écrasent vite devant la « pression partisane financière ». La « gouvernance inspirée du fonctionnement de la vie » a toujours conduit les plus forts à éliminer les plus faibles. C’est ça « la vie », Cap’tain !

Au chapitre « Derven recrute », c’est plutôt calme. Le « pôle travaux » se fait très discret. Pourtant une aubaine pour y placer son fric, comme l’a fait Glon à l’automne 2013 après avoir touché son gros magot de Beulin, suite à un procès*. Les bras dervernistes travaillent en insertion et, du coup, les dons sont déductibles des impôts.

JK

*Le dessinateur Alain Goutal, bien connu des écolos bretons pour ses dessins fustigeant les cochons de l’agrobiz, nourris à l’aliment Glon-Sanders (l’ex-société Glon a été rachetée par Beulin, patron de Sofiprotéol), figure toujours en bonne place parmi les 3 « experts » maisons, au chapitre « partenaires et réseaux » du site Dervern. Comme le Cap’tain, il doit certainement faire « la distinction entre d’éventuelles convictions personnelles de nos collaborateurs sur le bien-fondé des projets sur lesquels nous intervenons et la prestation technique qui nous est confiée. » Quand l’auge est pleine, on n’entend plus crier le goret (proverbe breton).

*Beulin, président de la FNSEA et PDG de Sofiprotéol (leader européen des oléagineux, initiateur de la plupart des dossiers hors-sol en Bretagne et ailleurs) a racheté, début 2013 Glon-Sanders, puis a viré Glon de ses 30% de parts qui lui restaient. Glon a porté plainte contre Beulin et s'est retrouvé avec un bon milliard d'euros d'indemnisation. Depuis début 2015, le groupe de Beulin, Sofiprotéol, n'existe plus. Le groupe s'appelle maintenant AVRIL (comme le poisson). Rien de tel que de changer de nom pour brouiller les pistes, y compris auprès des tribunaux ! On en reparle sous peu.

 

 

Pauvres, il est temps d'acheter

Je ne sais pas si vous avez entendu Patrick Kanner notre ministre de la ville hier à la radio, nous expliquer la nouvelle politique du gouvernement ...  il y a trop de bailleurs sociaux et les maires hélas ne sont pas capables de respecter les consignes en matière de logement, alors il devient nécessaire et urgent de passer la main aux préfets ! Car c'est bien connu les préfets sont là, eux au moins, pour faire respecter la Loi !

Tiens me disais-je il nous manque un nouveau Fouché, un bon ministre de la police efficace et féroce ! ...

Tiens me disais-je encore, ça va dans le même sens que la volonté de l'Etat de continuer à supprimer les acteurs du monde HLM ! Après le Crédit Immobilier, aux suivants !th

Depuis trois ans déjà, les organismes HLM font fichier commun et demain : simplification - réduction - mutualisation - on connaît la chanson le logement social coûte et ne rapporte rien, virons le personnel et cédons le parc au privé !  Mais en attendant, il faut absolument respecter les 20% de logements sociaux obligatoires par commune c'est prévu par la SRU !

Tenez, dans l'agglo de St Brieuc, il y a seulement 5300 logements vides ... Ben c'est pas grave ! Entre 2015 et 2017 l'agglo sera obligée de construire 980 nouveaux logements vides supplémentaires pour respecter la Loi ! En 2017 au nom de la Loi, il y aura 6280 logements vides dans l'agglo et alors !

Dans l'agglo briochine les 2 communes qui ne respectent pas la Loi sont Langueux et Plérin elles sont en dessous de la barre des 20% !  Elles sont montrées du doigt ! Hou pas bien ! Fustigées ! Pourtant ce sont les deux communes les plus résistantes à des ordres idiots... Mais pour avoir désobéi les 2 communes PS devront demain s'acquitter d'une amende comme elles le font déjà ... sauf que l'Etat a décidé de la multiplier par 5 ! Aïe aïe aïe ça va des sous !

Décidément, la désobéissance a un coût de plus en plus élevé, quand il faut remplir les caisses de l'Etat !

Ah oui mais que voulez-vous dit l'Etat c'est une question d'exemplarité !  Nos maires doivent marcher au pas mon bon Fouché ! 

Alors bien entendu il est aussi prévu de vendre de plus en plus de logements HLM aux pauvres, principe des vases communicants. L'Etat avait prévu d'en vendre 40 000 par an mais en 2013 seulement 7000 ont été vendus et en 2014 seulement 8000 ! Alors bordel, que font les pauvres, merde, ils pourraient faire un effort et acheter pas cher les logements pourris du parc HLM, c'est pourtant pas compliquer de s'endetter, ils le savent  !

Vous trouverez quelques petites explications qui pourraient vous intéresser sur le site de l'IFRAP ... un think thank ultralibéral qui a tout prévu pour un glissement du public au privé ... c'est drôle le discours du fossoyeur colle parfaitement avec les préconisations du gentil institut ! Une pure coïncidence sans doute vous me direz !

Mediapart

Nouvelobs

Bonne lecture

Iso

Selon le dernier rapport scientifique annuel sur le changement climatique, la température de New York devrait monter de 7° d’ici 2100 et le niveau de la mer de 1,82 mètres. (le Monde du 24-02-15). Sale coup pour Manhattan et pour la ville la plus peuplée des États-Unis ! Imaginez la statue de la liberté les pieds sous l’eau !willie

Pour nous redonner espoir, il nous reste heureusement quelques climatosceptiques. Le plus célèbre d’entre eux ne s’appelle pas Claude Allègre, mais Willie Soon (cf photo de droite), un astrophysicien qui s’étalait en articles documentés sur Internet et dans de nombreuses revues scientifiques, au point de faire quelques adeptes qui ne demandaient qu’à être rassurés pour continuer à polluer allègrement (comme Allègre) l’atmosphère en CO2 et autres gaz à effet de serre. L'argumentaire s'énonçait en 2 temps : 1- Le réchauffement est loin d’être aussi important qu’on ne le dit, 2- il est dû au cycle du soleil et non à l’activité humaine.

Greenpeace, en collaboration avec le Climate Investigations Center, vient de révéler l’origine précise des soutiens dont bénéficiait Willie Soon pour ces travaux dit « scientifiques ».

Il a obtenu en 10 ans 1,1 millions d’euros des lobbys industriels pétroliers : Texaco, American Petroleum, ExxonMobil…

pachauri

 

Ce conflit d’intérêt n’est évidemment pas un cas isolé. Les labos pharmaceutiques ont mis la main sur le secteur santé, le lobby agro-industriel détermine la politique agricole. Dassault et ses rafales dictent la politique extérieure de la France… embauchant Le Drian comme voyageur de commerce en Égypte et en Inde. Les étés, comme les hivers, s’annoncent plutôt chauds. Tsunami, inondations, épidémies, guerres… la faute à la fatalité évidemment !

La réunion, à la fin de l'année à Paris, de la conférence sur le climat s'annonce aussi très chaude : le président du GIEC -Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat-, l'indou Rajendra Pachauri, 74 ans (photo de gauche) qui en pilotait la préparation, s'est vu contraint de démissionner suite à la plainte d'une de ses collaboratrice scientifique, une chercheuse de 29 ans, l'accusant de harcèlement sexuel. Chaud, chaud, chaud devant, le climat sera chaud !

JK

 

Hollande

 

 

COMMENTAIRE

Bravo Knopp le fossoyeur en cravate n'a même pas pris le temps de relever ses manches comme il n'a pas pris le temps de mouiller sa chemise non plus, il préfère envoyer ses représentants.

Iso

Contrairement à la consigne, devenue la devise de cette page : "ce qui se conçoit bien s'énonce courtement", cette fois, il nous faut faire exception, tant l'enjeu exprimé ci-dessous est d'importance. Lisez ce billet à tête reposée et jusqu'au bout. JK
 
De Bretagne jusqu’à Paris, les institutions dévoyées
En moins d’une heure, le reportage d’Inès Léraud dans le magazine Interception de France Inter dimanche 22 février a mis à nu le fonctionnement des institutions de la République en Bretagne. Car il ne raconte pas seulement le drame humain de ces salariés de la « coopérative » agricole Nutréa-Triskalia, gravement intoxiqués par l’usage de pesticides. A travers leur histoire on découvre tout un système de blanchiment d’actes illégaux au profit d’un groupe économique dominant, dont les ramifications s’étendent jusqu’à Paris. Il a suffi de quelques minutes d’émission pour illustrer par l’exemple un type de pratiques courantes en Bretagne.
Tout y passe, de la « coopérative » agricole qui intoxique délibérément ses salariés, à toute la chaîne administrative et judiciaire qui s’efface devant de tels actes délictueux touchant pourtant jusqu’aux consommateurs. Ce reportage révèle une pratique constante des représentants de l’Etat, qui irrigue jusqu’au dernier subalterne, l’art et la manière de la non-décision, avec toutes ses variations qui vont de l’autisme jusqu’à l’esquive. 
Acte 1, décision est prise par un groupe privé, pour des raisons financières de réduire les coûts, par tous les moyens, y compris la remise en cause de la sécurité des salariés et des consommateurs. Trop cher pour Nutrea-Triskalia de ventiler les stocks de grains pour la confection de nourriture animale. Alors, les dirigeants décident d’utiliser à des doses des dizaines de fois supérieures à la norme des pesticides interdits depuis 2001. Pour les mêmes raisons dites d’économie, Thierry Morfoisse n’est pas équipé d’un détecteur de gaz ni d’un masque, et encore moins informé des risques qu’il coure avec des algues vertes pourries qu’il transporte alors qu’elles dégagent de l’hydrogène sulfuré mortel. Economie toujours, un abattoir exige de ses éleveurs de produire plus de têtes animales qu’autorisées pour alimenter sa chaîne d’abattage. Ou, plus courant, un éleveur qui trafique son bilan de fertilisation pour obtenir l’autorisation de produire plus de bêtes que la règlementation lui permet d’exploiter. Dans les deux cas, qu’importe alors si le supplément d’azote nécessairement en excédent par rapport au plan d’épandage finira à la rivière et ensuite à la mer pour produire des marées vertes dont le danger est avéré aujourd’hui. L’acte 1, c’est l’acte fondateur, toujours illégal, impactant toujours la santé et l’environnement. Et l’acteur, c’est dans la quasi-totalité des cas une des mailles de ce tissus socio-économique constitué par l’agriculture industrielle et intensive, qui imprègne de ses croyances, de sa culture et de ses exigences jusqu’aux consciences d’une grande part de la population.
Alors que dans un Etat de droit, on attend que la justice s’exerce et sanctionne ceux qui ont violé la loi, en Bretagne la réponse à ses conduites répréhensibles récite comme un chapelet une suite de litanies qui mêlent l’excuse et l’injonction rabâchée de ne pas stigmatiser toute une profession. Comme une manière d’inverser la faute : c’est la condamnation de ces actes qui est condamnée. Les esprits ainsi préparés sont tout disposés à accepter que la seule suite qui soit donnée se réduise au mieux à quelques remontrances et le plus souvent à un silence poli. La convenance ainsi instituée conduit alors la quasi-totalité des institutions à surtout ne rien décider qui puisse fâcher les auteurs de ces actes. S’en suivent donc des procédures suspendues, une chaîne de non-décisions qui se déroulent à tous les niveaux des institutions.  L’administration préfectorale, qui a pourtant en charge le respect des lois (Article 72 de la Constitution), donne le la. Elle ferme les yeux sur ces manquements à la loi. Utilisation interdite de pesticides, manque d’équipement de sécurité pour ramasser et transporter des algues vertes, dépassement des effectifs autorisés dans les élevages, deviennent administrativement invisibles. Le ton est donné. Chacun, dans les administrations voisines, est prié de ne consciencieusement rien voir. 
Si malgré tout, quelques citoyens avisés demandent des comptes, ils se heurteront à mille et un service qui leur diront que la décision ne relève pas d’eux. Et à supposer qu’ils trouvent le bon, on leur dira comme dans le reportage avec l’ANSES, voilà les textes, à vous d’en déduire, donc à vous de savoir si les actes sont délictueux ou pas. 
Reste alors à saisir la justice. Si plainte est déposée, on s’attend à ce que jugement, donc décision soit prise. Sauf que la procédure peine à être engagée, comme dans le reportage où six ans après les faits, aucun juge d’instruction n’a été chargé de l’affaire. Même chose pour la famille Morfoisse qui attend toujours qu’un procès ait lieu pour connaître les responsables de la mort d’un des siens. Concernant ce type de faits, la justice joue la montre, ne désespérant jamais de la résignation des victimes. Même à ce niveau, l’inertie est la règle. Et quand les Tribunaux Administratifs décident d’annuler des décisions d’autorisations d’exploitations animales, la décision judiciaire prise n’est jamais appliquée et se convertit illico presto en non-décision de fait.
Cet art de l’esquive touche même les syndicats pourtant en charge de la défense des salariés. Il ne s’est trouvé aucun grand syndicat pour défendre les salariés de Triskalia ou les membres de la famille Morfoisse. C’est l’honneur de SUD de soutenir le combat des premiers et des associations environnementales de mener celui des seconds. Même chose pour la plupart des organisations politiques et les exécutifs locaux et régionaux. Leur règle, c’est l’autisme. Ils sont essentiellement consacrés à leurs joutes internes, à la préservation de leurs nombreux mandats électifs, au nom de la défense de l’emploi, alors que le chômage n’arrête pas de croître malgré leurs efforts supposés. Combien sont-ils ces élus de la République à demander aujourd’hui que les coupables du saccage de l’Hôtel des Impôts à Morlaix le 19 septembre 2014 soient effectivement recherchés, plus de cinq mois après les faits ? Mieux vaut compter sur de simples citoyennes et citoyens pour que justice soit rendue. Tous les 19 du mois, ils sonnent le tocsin pour alerter sur ces graves dérives judiciaires. Il existe toutefois quelques formations très minoritaires, à la gauche de l’échiquier politique et à EELV qui se posent parfois ces questions sur le monde réel. 
Mais ce n’est pas tout. Cette cascade de non-décisions prend sa source en amont des délits. La République ainsi dévoyée anticipe les craintes des acteurs de la chaîne agro-industrielle. Voilà comment, élus en charge d’exécutifs, administrations en charge de la santé, ont caché les dangers sanitaires des marées vertes. Alors que dès 1989, un jogueur mourait dans des algues vertes pourries, que Pierre Philippe, médecin urgentiste tirait la sonnette d’alarme, il a fallu attendre 2009,  et la mort d’un cheval, sous la pression des associations et en particulier de Sauvegarde du Trégor, pour qu’enfin soit reconnue leur dangerosité. Encore a-t-il fallu tout refaire deux ans plus tard après la mort de 36 sangliers, d’un blaireau et deux ragondins, rien que cela, tous intoxiqués dans l’estuaire du Gouessant saturé de marées vertes. Deux mois n’ont pas été de trop pour que la Préfecture des Côtes d’Armor admette du bout des lèvres, encore une fois sous la pression de deux associations environnementales, Sauvegarde du Penthièvre et Sauvegarde du Trégor, la cause de ces décès, à savoir les marées vertes en putréfaction. Chacun peut comprendre que la connaissance d’un danger public doit conduire les responsables de l’Etat à décider de prendre toutes les mesures pour y remédier au plus vite. Décision ici incompatible avec l’ensemble de la chaîne agro-industrielle qui en est responsable. D’où, l’art et la manière d’esquiver ce danger. Dans les plans de lutte contre les algues vertes, financés par l’Etat, jamais il n’est mentionné. Grâce à quoi, en l’absence d’urgence, on peut espérer en finir peut-être en partie en 2027 avec cette pollution présentée comme bénigne, sans jamais avoir remis en cause les modes de culture et d’élevage qui en sont la cause. Et quand des centaines de citoyennes et de citoyens déposent plainte en 2009 pour mise en danger délibéré de la vie d’autrui, comme seuls les présents en Bretagne ou ailleurs sont susceptibles de prendre des décisions judiciaires, six ans après, le Pôle Santé à Paris est aux abonnés absents.
Toutefois la politique a horreur du vide. Il faut bien que décisions soient prises pour gouverner un pays. C’est simple. Il suffit de laisser les acteurs de la chaîne agro-industrielle jouer leur rôle de décideurs politiques. La FNSEA convoque élus et responsables de l’Etat, détaille ses demandes et rédige les lois. Et quitte à être du côté du manche, autant que ce soit celui du marteau, pas pour casser soi-même, ce serait inconvenant. Seulement pour bien comprendre la colère des casseurs de bâtiments publics, dont elle se sert comme une menace. Etre du côté du pouvoir ou prendre sa place, c’est aussi être près de la tirelire publique. On peut alors sans compter y puiser toujours plus d’aides publiques, en plus des subventions européennes. Pas pour changer un système de production qui ne marche pas, mais pour le maintenir contre vents et marées de l’économie libérale, que l’on vante tant par ailleurs. En Bretagne, la seule politique efficace, c’est celle du marteau et de la sébile. 
Il ne reste plus qu’à quelques députés zélés, quand ils ne sont pas précédés par le Gouvernement, d’aller porter la bonne parole à l’Assemblée Nationale et à Bercy. Voilà comment, d’un coup de baguette magique, la citrouille se transforme en tracteur rutilant. Finies pour un temps les fins de mois difficiles dans les exploitations endettées, hyper mécanisées et de plus en plus grosses. La manne publique pourvoit à ces énièmes difficultés de trésorerie. Et tant pis si cela fait des jaloux dans d’autres professions sinistrées… 
Et encore ce gain pèse peu par rapport à l’avantage d’une législation sur mesure. Puisqu’il n’est pas question de changer les pratiques polluantes, tant elles sont la chair et le corps de l’agriculture intensive, la seule solution consiste à adapter la règlementation à ces pratiques.  Résultat, plus besoin d’autorisation à demander avec enquête publique pour l’ouverture d’une porcherie de moins de 2000 cochons afin de contrôler ses déjections polluantes. Au moins les choses sont claires. Avant le Préfet donnait toujours son accord, ce qui est une manière de ne prendre de fait aucune décision. Maintenant, il n’a même plus son accord à donner. Avant, il savait d’office ce qu’il allait décider. Désormais, il n’a même plus à décider.  C’est incontestablement un progrès. Mais pas du côté où on l’entend. Progrès pour la filière agro-industrielle dans la manière de gouverner la Bretagne. Au moins personne ne peut faire le reproche à ces acteurs de ne pas décider. Ils savent ce qu’ils veulent, eux. Mais ce progrès pour les uns est une formidable régression démocratique. Les actes illégaux ne sont pas seulement blanchis, ils cessent tout simplement d’être illégaux, puisque la loi change au profit des intérêts de quelques uns. A quand la loi qui prescrit tous les empoisonnements aux pesticides cinq ans après les faits ? Les citoyennes et les citoyens sont dépossédés de leur pouvoir de préserver le bien public par ceux-là même qui les représentent. Voilà comment un groupe de pression, pour défendre ses intérêts privés, prend en otage la République au nom des emplois qu’il est censé sauvegarder et même créer. 
Ainsi va le fonctionnement de toutes ces institutions. C’est la stratégie du papier peint. Il faut s’afficher partout sous ses plus beaux atours et rester figés dans un décor institutionnel de carton pâte où personne ne doit bouger de sa place. Dans un tel contexte, la seule règle qui prévale se réduit à la non-décision, seule manière de ne pas faire bouger les lignes, pour laisser le lobby agro-industriel le faire pour tous et à son profit.  
En Bretagne, les institutions manquent à leurs devoirs élémentaires du respect de la loi et du vivre-ensemble. Que vaut une société dans laquelle les délits sont permis pour quelques uns, parce qu’ils sont méconnus par la plupart ? Que vaut une société qui laisse impunis les actes délictueux même les plus visibles, comme la destruction par certains de biens publics ? Que vaut une société dans laquelle la plupart des institutions organisent la faillite de l’Etat, en déléguant le gouvernement à des groupes privés ? Qui peut s’étonner alors du formidable désavoeu porté sur elles ?   
De fait, par ce fonctionnement dévoyé, ces institutions sont devenues des coquilles vides. Par perte de décision contre les puissants quand elles ont gagné en puissance contre les plus faibles, elles ont perdu leur légitimité. La Bretagne est à la croisée des chemins. Ou elle succombe à une crise d’autoritarisme au profit de fossoyeurs de la démocratie. Ou elle invente de nouvelles formes de représentation citoyenne qui redonnent à la République et à l’Etat la force perdue pour garantir chacun du secours de la loi, seule condition pour vivre ensemble. Première étape, congédier les partis de gouvernement, parce qu’ils ne gouvernent plus. Que les citoyennes et les citoyens se saisissent des prochaines élections pour cela. Ce n’est qu’à cette première condition que la Bretagne pourra se réapproprier  son avenir. 
Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégo
Ce jeudi à 17h, cette fois sur France Culture ("Sur les docks"), suite de l'enquête de Inès Léraud sur Triskalia (avec passage par l'entrepôt de Glomel). Émission podcastable, comme les précédentes.
 
 
COMMENTAIRES

Suite à ce reportage d'Inès Léraud, ce jeudi 26 février sur France Culture, à Glomel, par vent du nord, je me sens désormais moins serein. (cf ici l'émission-sur-les-docks)
... Foin de toute pudeur, je me permets une petite pub au passage, qui éclaire aussi la manière dont on peut étouffer une affaire : Mon roman "Trousse cocotte", paru début 2013 chez Apogée Rennes (collection noire des Ragosses) était construit autour de ces faits (Triskalia et le scandale des pesticides avec la complicité du monde agricole et des médias + Locarn). Voir, sur ce site, à la rubrique "livre récents".

... ce qui m'a vallu large écho des médias (juste quelques mots dans O-F et Télégramme, sans évocation du sujet central du roman) et grande estime du maire de Glomel ("ma main ce sera désormais pour te la foutre dans la gueule"). Au final, alors que d'habitude mes bouquins se vendaient en moyenne à 2 ou 3.000 ex (20.000 pour "les bagnards"), cette fois il s'en est vendu 800. 

Mon éditeur traîne désormais les pieds pour publier le prochain.

Mais "Le pape voyage" attire les foules, je ne vais pas me plaindre.

JK

Les reportages de Radio France (Interception et Sur les Docks) tout intéressants et pertinents qu'ils soient, ne font que confirmer un fait bien connu: l'omerta qui règne depuis des années dans l'agri-agro breton. Plus une caméra, plus un micro ne peut pénétrer derrière ces hauts murs. Cela dure depuis des années. Filmer le travail sur les chaînes d'abattage, dans les ateliers intensifs ou les usines d'engrais ou de farines est impossible à moins de cacher micros et caméras. L'agri-agro est devenu in-montrable, comme Citroën lorsqu'y régnait la CFT...
Je ne peux m'empêcher de faire ce rapprochement avec les méthodes les plus brutales du patronat des boîtes de l'automobile ou du pneumatique dans les années 70/80. On n'y entrait pas !
Aujourd'hui, cette censure de fait s'est étendue à tout le système. Les ouvriers, qu'ils soient dans l'industrie ou dans d'autres secteurs ont disparu des écrans. Circulez!

LMD