...à périodicité très variable, ouverte le 23 février de l'an de grâces (matinée) 2014...
et (presque) fermé en janvier 2017
PRÉ EN BULLE
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Quand, par le passé, les gouvernants, ou leurs porte-plumes serviles, se sont occupés de régenter art ou littérature, on a aussitôt pu constater la régression mentale.
(avec la complicité de Léonor Fini, ici à droite)
Le mot "Bretagne" de ce titre n'implique aucune allégeance à un quelconque communautarisme, autonomisme ou indépendantisme. Il situe juste le lieu de la culture (et parfois de la langue) d'où nous écrivons. Notre regard essaie de porter plus loin que les Régions, les États, les continents... ou les galaxies, car nos territoires sont avant tout imaginés.
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On n'est pas à un jour près, ni à un mois.
On prend le temps, avant d'écrire, de tourner 7 fois la plume dans l'encrier des sentiments. On amène ses crayons de couleur, on s'écoute, on se cause et on se contredit courtoisement. Pour vos plaidoyers en faveurs du Front National, du pâté Hénaff, de la Légion étrangère, de l'Institut de Locarn, ou de l'agriculture productiviste, adressez plutôt vos textes à Minute ou à La France Agricole.
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China-fric
Il existe, dans le vaste monde, un grand pays frère, cher à notre Christian Troadec, l'ex-Empire du milieu, la Chine. Les Chinois pratiquent une forme de communisme très particulière, avec des paysans pauvres qui fournissent une main-d'oeuvre relativement docile d'esclaves ruraux bon marché, une classe moyenne qui découvre les joies du consumérisme à l'occidentale et une élite de milliardaires avides. Vous l'aurez compris, c'est très différent du libéralisme débridé à l'américaine, par exemple. Depuis quelques années, la Chine a décidé de s'implanter durablement en Afrique pour y apporter les bienfaits du Confucianisme. De son côté, en contrepartie de ce quasi-mécénat, le continent noir assure l'approvisionnement en ingrédients de la pharmacopée traditionnelle extrême-orientale, en terre arable, en ressources halieutiques (ça veut dire des poissons) et en bois précieux.
C'est ainsi qu'en moyenne, un éléphant est tué toutes les quinze minutes, que les rares rhinocéros survivants vont très vite disparaître, sans oublier les millions de requins amputés de leurs nageoires et rejetés agonisants à la mer, car contrairement au cochon, chez le squale, seul l'aileron est bon. Sur l'ensemble des océans, cette technique du shark finning décime trois requins par seconde.
Comme les Chinois commencent à tenir compte de leur opinion publique et qu'ils deviennent soucieux de leur image environnementale à l'export, ils ont établi des lois contraignantes qui restreignent l'exploitation forestière dans leur propre pays, à l'image de nos démocraties occidentales. Dans ces conditions, la seule solution pour continuer à fabriquer les milliers de tonnes de contre-plaqué et de mobilier de jardin dont nous sommes si friands, c'est d'aller déforester ailleurs. Mais attention ! Ce sont des communistes, donc ils ont une éthique. Pas question de pratiquer le plus infime soupçon de néo-colonialisme. C'est de l'aide au développement ! Ah-ah ! Des ponts, des routes, des villages et des villes préfabriqués, des voies de chemin de fer et des ports en eau profonde... Et tout ça gratos ! Bon, peut-être avec quelques compensations, mais vraiment minimes... Au Mozambique par exemple : un petit pays d'Afrique de l'est, en face de Madagascar, ancienne colonie portugaise au dictateur infréquentable pour nous autres blancs civilisés. Pourquoi ce chef d'Etat en particulier est-il encore plus tricard que bien d'autres despotes sanguinaires ? Ben, je ne sais pas ce qui le distingue vraiment, mais du coup, les investisseurs chinois, qui n'ont pas ces pudeurs, ont décidé de mettre le paquet.
- Salut Camalade Bamboula ! Alols, comment que c'est ?
- Ah, Missié Camawade Bwana, moi y'en a pauvwe paysan dans la misèwe...
- Ça te dilait de gagner plein de flic ?
- Oh oui, Missié Camawade Bwana !
- Eh bien, voilà ma ploposition : je te donne cette belle tlonçonneuse et tu abats tous ces putains d'albres inutiles qui défigulent le paysage. Dans un an, tu aulas lemboulsé mon cadeau et tu poullas te mettle à ton compte. Et quand il y aula plus de folêt, tu felas pousser des ananas, je te donnelai une pompe poul illiguer...
- Oh mewci, Missié Camawade Bwana !
Et voilà ! Le tour est joué, le problème est résoud (*)! L'obtention des papiers et des tampons officiels « Bois issu d'une forêt gérée durablement » n'est plus qu'une simple formalité corruptible que nos irréprochables négociants français pratiquent ailleurs, au Congo ou en Amazonie, pour les billes exotiques qui arrivent sur les ports du Havre ou de La Rochelle.
Pour respecter la législation internationale qui exige que les arbres soient « transformés » sur place avant d'être chargés sur les cargo porte-containers, il suffit d'installer une vague scierie sur le port. Avantage : deux fois plus de troncs dans un même volume ! Hi-hi-hi !
Mais, me demanderez-vous, quid de notre bel héritage gaullien et des liens privilégiés que la France entretient historiquement avec l'Afrique ? Alors c'est simple : pour les économistes les plus visionnaires et les plus audacieux, c'est un vaste marché émergent potentiel. Après Renault, PSA va implanter une usine au Maroc, ce qui va attirer les équipementiers, puis les boîtes de Travaux Publics, les designers de ronds-points et les fabricants de képis. Et peut-être ainsi les voitures françaises deviendront-elles résistantes, fiables, faciles à entretenir et pas trop chères à réparer ? (nan-nan, je déconne là...). En tous cas, vivement demain ! quand chaque ménage africain aura deux bagnoles comme tout le monde !
Mmmmouais... C'est quand même du long terme, et d'ici là, on ne trouvera peut-être plus une goutte de pétrole.
(*) mais oui, je sais... Le mystère des verbes en « oudre »...
Knoppy (texte et dessin)
Alors comme ça, voici venu mon tour de vous imposer une trilogie sous forme de monologue.
Comme c'est bientôt les vacances, soyons légers, je vais commencer par la Méditerranée. Enfin, personnellement, comme j'ai filé l'intégralité de mon budget « loisirs » à mon avocat sous forme d'honoraires et à celui de la partie adverse sous forme de dépens (ce qui va leur permettre de s'offrir quelque destination lointaine et sûrement pas en classe « éco »...), cet été, je reste en Centre-Bretagne, c'est pas plus mal et je vais pouvoir faire des économies de tongs, on les use moins vite par ici.
Vous l'aurez remarqué, la grande bleue a perdu beaucoup de son charme estival, et je ne parlerai même pas ici du fait que cette mer fermée sert de poubelle à des millions de gens. Autour du bassin méditerranéen, les pays propices à l'accueil du touriste commencent à se raréfier. D'entrée, on oublie l'Afrique du nord. Même si la Tunisie bénéficie de la meilleure infrastructure hôtelière, héritée du temps béni où elle était dirigée par un chef d'Etat inflexible et grand ami de la France, il semble que le recrutement de vacanciers volontaires pour servir de cible et mourir en martyrs en compagnie de djihadistes désoeuvrés traverse une crise des vocations. Le Moyen-Orient n'est pas tellement coté et la Turquie pas vraiment sûre, même derrière les enclos barbelés du club mes-deux. Reste la Grèce... Vous avez peut-être lu les mésaventures récentes de ces touristes majoritairement britanniques qui ont tenté de s'offrir un repos bien mérité dans les îles du Dodécanèse. Eh ben, les plages idylliques et les terrasses de restaus romantiques sont littéralement envahies et irrémédiablement souillées par des centaines de réfugiés Syriens, Afghans, Irakiens et autre métèques plus ou moins basanés qui sont capables de te plomber l'ambiance par la seule intensité de leur regard de déracinés. Ces fâcheux arrivent par familles entières sur de frêles esquifs bondés depuis les côtes de la Turquie toute proche pour chercher asile en Europe.
Ah, l'Europe justement ! Amis incultes attention, j'ouvre ici une brève parenthèse mythologique. Enlevée et séduite par Zeus, on dirait que cette harpie rancunière n'a de cesse que de se venger des Grecs, surtout depuis qu'ils ont voté pour une gauche radicale qui refuse l'austérité que d'honnêtes banquiers voudraient lui imposer... Quelle formidable illustration du mépris que portent nos décideurs au suffrage universel ! Normalement, la politique économique d'une nation se décide dans l'ambiance sereine et ouatée de vastes bureaux feutrés et climatisés, entre gens polis, policés et formatés, et puis nous autres, les lambdas, on subit en ronchonnant mais on n'a pas notre mot à dire. C'est la démocratie moderne. Mais voilà qu'un premier ministre élu décide de consulter le peuple pour soumettre à référendum une pléiade de mesures aussi vexatoires que paupérisantes en appelant à les refuser. Tollé chez les bien-pensants ! C'est complètement irresponsable ! Ce sont des mesures trop techniques et trop complexes, incompréhensibles pour des électeurs analphabètes et ignorants des lois du marché et de la finance. Pourtant, la « Troïka » (FMI, Banque Centrale et Commission Européenne...) s'est montrée particulièrement compréhensive et magnanime. En gros, elle propose aux Hellènes de bosser jusqu'à 67 balais en gagnant des clopinettes, de subsister en adoptant un mode de vie spartiate (sucer des noyaux d'olives...), et de ne pas tomber malades vu que toute la filière santé sera hors de prix et privatisée comme tout le reste. A priori, ça semble très raisonnable. C'est même «une offre exceptionnellement généreuse», comme le déclare Angela Merkel. Ce Tsipras est un ingrat ! Boycottons donc les villégiatures grecques.
Restent les côtes dalmates ou albanaises pour les plus audacieux, à l'extrême limite l'Italie pour ceux qui ne seraient pas rebutés par les cadavres des migrants africains échoués sur les plages. Dernier recours, le sud de la France, où l'on peut encore trouver quelques parcelles littorales privées select relativement épargnées par la promiscuité écoeurante d'une plèbe trop grassouillette et ventripotente, celle-là même qui pullule en Espagne, sur la Costa Brava del Sol, sous les formes dégoulinantes d'huile solaire de milliers d'Allemands en short.
Non, décidément, le Centre-Bretagne, c'est un très bon endroit pour passer l 'été...
Knoppy (texte et dessin)
COMMENTAIRES
-Mon cher Knopp,
Je reconnais bien là ta générosité, ton avocat et ton adversaire renommé bossent dur toute l'année pour te plumer ! Normal de leur offrir un peu de repos sur une plage au soleil et si tu ne les enfiles pas cet été, tu peux aussi leur proposer tes tongs gratuitement, histoire d'avoir une tite ristourne sur les honoraires, ou sur les dépens, à toi de voir ! ...
Non mais tu as raison encore, mieux vaut rester en Centre Bretagne qu'aller se faire griller les doigts de pieds sur les plages Tunisiennes ou ailleurs. Comme c'est la merde partout dans le monde, ça va être de plus en plus difficile de se replier à l'étranger, surtout en cas de guerre mondiale !
J'espère que tu as au moins conservé une vieille paire d'espadrilles, et un caleçon de bain ! Il parait que votre bon maire Troadec a décidé avec l'accord de la Chine, d'inaugurer PEKIN PLAGE cet été à Carhaix, pour promouvoir la construction des Twin Towers de Synutra ! Imagine, une belle plage de sable blanc faite de lait en poudre et de ci de là des jacuzzis gonflables et des vendeurs de glace, à la glace, à la glace, c'est Miko qui passe ! ça nous changera des galettes saucisses un peu indigestes pendant la canicule !
Y a pas à dire, pas besoin d'aller loin pour être bien, c'est ce qu'on devrait faire entendre à tous ces migrants, non ?
Et puis, en espadrilles on se sent léger, en espadrilles !
Iso
-En Kreizbreizhkistan ! Quel bizarre hasard ! C'est aussi là que je vais prendre mes vacances cet été ! On risque de se rencontrer, Knoppy. Tu me reconnaitras : je ne porte ni tongs, ni marcel. Juste un petit bob en toile, soldé chez Décathlon Carhaix. Mon budget vacances y a passé. JK
-bj a tous et toutes, moi aussi vais passez en KBZH pour les vac, sentir les pets de vaches, faire qq traites, allez au korong, draguer à la kwaye, boire de l'alambic pour réflechir a faire sauter les twin tower de carhaix et me détendre avec du butun dru.
Alors Breur préparer jardin champs j'arrive en tente au bled. St Jean Bon
-Salut St Jean Bon ,`
fait pas sauter les twin towers, c'est de la poudre qu'il fabrique et qui te dis que c'est pas de la coca c'est blanc fin (avec les chinois on sait jamais) alors si c'est ca j'irais dans les carriere de Mael me transformer en Batman.
Et puis la kuyae pour draguer parfait mais je préfaire forniquer dans la paille ( ca gratte un peu) mais c'est tellement bon.
Alors garde moi de la place dans ta tente au pire me chouterai au pets de vache :-) St Marc Aviel
Aïe, Charly avait un de ces mal au crâne, la bouche ouverte, le temps de comprendre, il écarquilla les yeux pour faire le point dans la nuit. Il était ligoté et bâillonné. Il remua les pieds en émettant des humhumhum. JC se retourna aussitôt. Merde, Charly ! dit JC stupéfait. Charly c'est toi ! Aussi sec, il retira le bâillon de l'homme au ciré jaune. Cozic ! dit Charly libéré, qu'est ce que tu fiches dans ma barcasse espèce de grand con ! Charly Kerguiduff ! dit JC, t'es tombé le nez dans ton sac de sport, je ne t'ai pas reconnu, et je viens d'avaler ton casse-croûte en plus. Si tu veux que je te détache les mains, tu me files la recette de tes rillettes. Ah ah, mon vieux Kergui, dit JC, comme je suis content de te voir. Mais, t'étais pas en train de chatouiller le maquereau avec des jumelles infrarouge hum ! Et toi, dis Charly, t'aurais pu me tuer, j'ai la tête comme un bout de bois. Ouïe. Dans la nuit d'encre artificielle, striée d'éclairs rouge éolien, à deux heures du mat', les deux anciens camarades de classe causaient ferme, à voix feutrée. Ils appartenaient au même groupe. Charly travaillait sur la diffusion des images du drone FLY HD qui réalisait le suivi de chantier de toutes les constructions chinoises de lait séché. Les vidéos aériennes des usines à lait mettaient en évidence l'évolution des travaux sur toute la Bretagne. C'est ainsi que le monde, peut juger en temps réel de l'avancée des chantiers. Vu du ciel c'est New York, faut voir, disait Charly. Carhaix s'était transformée en ville pure. Première ville mondiale du lait. Les hôtels de luxe, immeubles et casinos poussaient comme des tours d'ivoire. Tout était blanc. Tout ce qui se construisait devait obéir au nouveau plan de développement sino européen ULTRA WHITE INTELLIGENT CITY. Le schéma de cohérence s'intitulait Blanc comme Neige. Forcément la certification mondiale ISO 12000 était née le jour du baptême de la première white city. ISO 12000 vendait de la transparence et la transparence s'achetait. Le groupe ACCOR avalé par NESTLE avait ouvert ses thermes laitiers. Et les Cléopâtre du monde entier arrivaient par avion sur le nouvel aéroport de Landeleau pour suivre leur white cure : projections de crème fouettée, douches de lait pasteurisé et emplâtres au yaourt nature. Toute la ville était vêtue de blanc. Facteurs, bouchers, gendarmes, Carrefours Markets, pompiers ... A Ploufragan au Zoopôle, Hendrix Genetics, planchaient sur une nouvelle race de vache sans tâches, spécial Carhaix. Une vache blanche baptisée " Immaculée Conception ".
Iso (fin)
À trente mètres, dans la noirceur calme, glissait sur l'encre, une suite de voiliers toutes voiles affalées. Pas un bruit ne les trahissait. Charly aux aguets saisit ses jumelles nocturnes, mais je rêve ! Ici papa tango Charly y a une arête dans l'maquereau. Je répète, y a une arête. L'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il s'écroula. Jean-Claude n'y avait pas été de main morte, faut dire qu'il tenait bien son rôle. Il avait frappé fort, il attacha les mains de Charly derrière son dos et le baillonna aussi sec. Pierrot c'est bon, ya plus de danger allez-y dit JC d'une voix étouffée.. Ben mon cochon, dit JC en attaquant la belle tartine de rillettes posée là, si je m'attendais à un casse croûte pareil ! Saisissant les jumelles, il vit les barques en rang se coller au porte-conteneurs. JC distingua le manège des ombres chinoises.
A bord, Marcel et Roger réceptionnaient la marchandise. Les nouveauxmissionnaires laïques, syndicalistes, écologistes, féministes, artisans, hommes et femmes de tout âge, deux ans de chinois intensif derrière eux, s'embarquaient en loucedé à bord du XZH 25753 le seul conteneur équipé de toilettes sèches. De toute façon, le prix des billets d'avions étaient prohibitifs. La Bretagne, vendue à bas prix s'était transformée en usine à lait mondiale. Les nouveaux châteaux du XXI ème siècle érigeaient leurs tours phalliques, qui poussaient à la vitesse du maïs OGM, transformant le territoire en oligopôle de Synutraal symbole de la " coopération " un mot qui n'avait plus aucun sens. Les passagers clandestins faisaient partie des 33% d'individus qui avaient refusé d'être pucés RFID par les poissonneurs. Ils avaient ététraités de lâches, de dangereux rétrogrades, voire d'analphabets, comme autrefois ceux qui avaient voté NON au Traité Européen, mais ils s'en moquaient bien. Leur punition consistait à ne plus pouvoir emprunter les autoroutes, salles de cinéma, palais des congrès, plateaux TV, Mondiodisney, cliniques privées, centres commerciaux, universités du progrès ... Impossible pour eux d'être embauchés dans la grande usine à lait où les travailleurs en bonnets blancs, grâce à leur puce sous-cutanée, activaient toutes les portes en passant la main devant et déverrouillaient leur ordinateur en même temps.
Il est des moments dans l'histoire se disaient nos résistants, où l'important est de ne pas participer. Il se savaient exclus du grand système mais en tirait une petite fierté, car le prix de leur liberté tenait à une puce de la taille d'un grain de riz qu'ils n'auraient jamais sous la peau. Charly dans le pâté ouvrit un oeil. Aïe.
Iso (à suivre)
Engoncé dans son ciré jaune, Charly pêchait à la traîne au large de la baie de Saint-Brieuc. Sa cigarette lui réchauffait deux doigts. La lune était pâlotte, à côté des éclairs rouges furieux des éoliennes EDF qui transformaient la mer en tissu synthétique. Heureusement cette nuit, un vent de terre réduisait le bruit des pales. Soudain, l'île flottante apparut, immense et sombre. Pas une lumière. Trois cents mètres. La belle bête, pensa Charly, pas étonnant que la mer monte. Il saisit le col de son pull marin. Ici papa tango Charly, la morue est sous l'évier. Je répète, la morue est sous l'évier ...
A loin Quai du Légué, silencieux, les camions électriques Synutra s'activaient tous feux éteints. Charly décrocha trois faillis maquereaux qui se moquaient bien de la ligne Asie-Europe. De loin, il distingua les conteneurs Hénaff, venus remplir leur panse de jolies boîtes bleu métal avec une tête de cochon et de brochettes de porc laqué Lagadou made in breizh. Décidément, la transition de Ségolène et Stéphane Le Foll avait pris des tournures inattendues. Ici, tous les quartiers de l'agglo avaient reçu les Brigades du Diagnostic Thermique. Elles vérifiaient les travaux obligatoires et collaient sur les portes des plus pauvres, l'étoile rouge de la délinquance énergétique. Dans toute la ville, les panneaux Decaux 4/4 affichaient le slogan de la loi Royale: "Vivez heureux bien isolés", pendant que Saint-Gonain, plus gros fournisseur mondial de laine de verre, délocalisait ses fabriques d'isolants low cost en Chine. La grosse industrie avait bien organié son plan furax de rénovation standard interdisant poêles à bois et cheminées. L'Etat français voulait vendre son électricité. Car, vite il fallait remplir les caisses du pacte de stabilité.
Mais pendant que fébrile, l'Etat infantile attendait sa bonne note, les Bretons réagissaient. Les jeunes mamans en tête. Déjà, tous les bébés bretons tétaient le sein de leur mère. Les maternités croulaient sous les échantillons de lait Premium périmé. Fini la poudre, la purée Mousseline, le Royco Minut'csoup, les oeufs liquides, les yaourts industriels et les diagnostics thermiques bidon. Fini aussi les poêles à granulés Glon. La résistance avait pris consitance et irriguait, toutes générations confondues.
Charly étala ses rillettes de poisson maison sur une belle tranche de pain bio de chez Manu, quand soudain, il demeura bouche bée !
Iso (à suivre)
3- La quête du Graal
Qui suis-je ? Où vais-je ? Où cours-je ? Dans quel éta-gère ? Ces interrogations taraudent l’artiste. À le rendre parfois dingue. Depuis au moins les grottes de Lascaux. Pourquoi, devenu vieux, ne peut-il pas poser son sac comme tout le monde et jouer tranquillement aux dominos en buvant son chocolat au club du troisième âge ? Sa quête au chapeau de fin de spectacle le renvoie sans fin à l’autre quête, celle chantée par Jacques Brel : « atteindre l’inaccessible étoile ». Pas de répit pour cette quête du Graal ! On en crève !
Il n’est d’artistes qu’autoproclamés. Certes les écoles artistiques prolifèrent : théâtre, peinture, cinoche… moyennant rétributions, les maîtres nous font grâce de leurs trucs. On n’y apprend des techniques. Mais fondations ne font pas maison. Le génie créateur ne s’apprend, ni ne se lègue. C’est un don, dondaine dondon. Pas de diplôme !
Il ne se dicte pas non plus à l’aulne des causes pré-établies, qu’elles soient politiques ou religieuses. L’art n’est pas « au service de ». Lui assigner les limites de slogans simplistes c’est à coup sûr le détruire. Même les mystères chrétiens moyenâgeux, joués aux porches des cathédrales, maniaient d’heureuses astuces pour échapper à leurs commanditaires. L’évocation de diables ou de filles perdues, permettaient d’amples transgressions coquines sous prétexte de dire l’enfer ou la rédemption. Les gargouilles et jubés de nos chapelles bretonnes en disent long sur ces ruses lubriques qui n’auraient pas déplu à Brecht. Jouer au chat et à la souris avec le pouvoir. Évoquer la morale permet de titiller l’interdit.
Comme il en va pour toute œuvre artistique, les vrais spectacles n’ont de « militants » que l’apparence. Leur raison ultime est ailleurs : « la déconstruction incessante de notre confort intellectuel » (Barthe). Quelle outrecuidance de s’imaginer jouer les justiciers ! Pourquoi pas carrément les gourous ?
D’où l’artiste tient-il sa légitimité à « dire le sens » ? Celui de la vie et de la mort. Parole prophétique dont la plupart n’ont rien à cirer. Grand prêtre d’une religion fumeuse dont les mots, proférés sur scène, seraient les saints sacrements. Les mots deviennent des scuds à longue portée, lancés à la gueule de l’obscurantisme, de la suffisance et de la bêtise. Pas étonnant qu’ils suscitent l’agressivité. Devenir artiste, c’est s’entraîner quotidiennement à réceptionner cette agressivité. Et même à s’en nourrir. Tout en gardant son enfance joueuse et farceuse. Et dansons la capucine !
Tenter d’expliquer un monde auquel on ne comprend rien soi-même. Poser des lignes pour une pêche miraculeuse à laquelle on ne croit plus guère. Rire de la mort qui vient. Jouer l’entourloupe et danser l’entrechat sur un fil invisible en faisant semblant qu’il s’accroche aux certitudes et qu’il conduit quelque part. Le sens existe, j’ai failli le rencontrer. Faute de le déchiffrer, c’est lui qui nous englobe. Les dieux sont manipulateurs. Ils te mènent en des chemins imprévisibles. Difficile de leur résister.
Surmontant son éternelle déprime, le quêteur se fait alors modeste guetteur. À la haute tour d’un château dont il n’est qu’invité de passage.
-C’est vers où l’avenir papy ?
-Tais-toi, petit, et quête !
JK (Fin)
COMMENTAIRE
-Ah la belle quête que nous avons là !
Je dois dire mon colonel, que vous nous avez gâtés ! Une quête laïque surmultipliée ! Et de ne nommer point
l'auteur spécialiste en courbettes et demandes de subs PSstiques qu'on connait ( entre autres ) rajoute à la dimension du sujet ...
Je dis chapeau mon général, ce fut un vrai régal de vous lire. Iso
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